L’oreille et l'œil aux aguets, Arsène fait le tour de son environnement. Hmm des roses, des haies, encore des roses jusque là il connaît…Ah, voilà que son œil est finalement attiré par un étrange faisceau de lumière au loin. Il en compte même trois en y regardant mieux. C’est étrange certes mais ce n’est pas ça qui va lui permettre de retrouver sa comparse. Alors il réexamine ce qui l’entoure. A première vue, il a atterri dans une sorte d’enclos carré, fermé par les haies et s’ouvrant sur quatre allées. Devant, à gauche, en bas et enfin à droite. Pour le reste tout est des plus banal, pas de trace de pas au sol, pas de traces d’une petite boule de flammes qui serait passée par là, définitivement non sa coéquipière n’est pas là. Avec leur chance, ils ont dû être envoyés à des endroits complètement opposés. Il en faut cependant bien plus pour décourager le gentleman cambrioleur qui note finalement qu’un quatrième rai de lumière se trouve en fait juste derrière lui. Disposé ainsi, il semblait que le labyrinthe s’était transformé en boussole et Arsène avait atterrit de plain-pied à l’une de ses extrémités. Mais c’était idiot et tout simplement absurde. Quoiqu’aux Pays des Merveilles l’absurde semblait être le mot qui gouvernait l’univers. Si vraiment les points cardinaux étaient signalés ainsi il serait bien plus facile de trouver une sortie. Sauf que sortir ne l’intéressait pas du tout avant d’avoir retrouvé celle qui s’était embarqué avec lui dans cette galère. C’était étrange mais la solitude l’accablait presque après toutes ces aventures rocambolesques.
-Mon pauvre Arsène tu te ramollis… enfin ça ne sert à rien de rester planter ici à attendre les ennuis.
Qui sait si ici aussi les gardes de la reine ne sont pas à leur poursuite. Puisque visiblement le cambrioleur a atterri dans la zone ouest, il y a peut-être une chance qu’il arrive à retrouver Regina dans la zone est. L’épée subtilisée au garde de trèfle appuyé sur son épaule, le cambrioleur prit la direction du faisceau le plus proche. Il n’eut malheureusement pas la chance de pouvoir couper tout droit très longtemps car dès les premières haies franchis, il dut choisir entre partir vers le nord ou vers le sud. Difficile de choisir mais finalement tourner à gauche en direction du Nord lui parut la façon la plus rapide de revenir. Choix qu’il répéta au croisement suivant, avançant prudemment dans ce méandre végétal. Encore un croisement, mais cette fois il parut plus judicieux à Arsène de prendre le chemin de droite, essayant de se repérer grâce à la lumière qu’il entrapercevait, repartant ainsi vers le sud le temps de dépasser quelques nouveaux rosiers. Puis les deux chemins suivants il privilégia celui de gauche, soupirant lourdement.
Crapahuter seul et perdu au milieu du labyrinthe était nettement moins amusant et plaisant que de cheminer à deux en fuyant les ennuis. Alors Arsène grommelait, il râlait, il pestait, le tout sans discontinuer et surtout sans réussir à retrouver le chemin jusqu’à Regina. Se pourrait-il qu’elle lui manquait ? Ou au moins leurs petites joutes verbales et aventures de fou. C’est vrai ça c’est toujours plus amusant de taquiner quelqu’un qui a du mordant ! Mais où ce foutu royaume avait-il bien pu l’expédier ?! A ce rythme, il était plutôt parti pour se perdre que pour retrouver sa partenaire, avant de constater qu’il venait en fait de trouver l’un des quatre faisceaux tant désiré et dont la si jolie luminosité venait en fait d’un petit feu-follet pris au piège. Sensible au sort de chaque être privé de sa liberté, Arsène s’agenouilla quelque instant à côté de la petite cloche de verre, la brisant d’un coup sec de la garde de son épée.
-Tu n’es visiblement pas Regina… mais bon plus on est de fou plus on rit il parait ?
La petite créature bleue venait de sauter dans ses mains, avant de remonter contre son buste, diffusant une douce chaleur autour de lui alors que le diable continuait son chemin plein sud désormais avant de tomber sur un nouvel embranchement, hésitant avant de s’adresser à son nouveau compagnon.
-Tu ne saurais pas par où passer pour la retrouver toi ?
C’était soit ça soit se parler tout seul. Et puis les créatures magiques comprenaient bien plus de choses qu’on pouvait l’imaginer.
La douce chaleur du feu-follet au creux de ma main était source de réconfort, ses petites inflexions mélodieuses rompant le silence de plomb qui semblait me couper du monde. Car c'est exactement de cela qu'il s'agissait, de cette impression d'évoluer dans un décor exempt de toute présence, qui me murait indéniablement dans cette solitude que j'avais éprouvée de si longues années lorsque j'étais encore la Méchante Reine. Je me dirigeais vers le Nord au pas de course, protégeant la créature entre mes paumes. Si je voulais toutes les délivrer, la rapidité sera mon alliée, ne sachant pas ce qu'il était advenu de celle de mon Ouest. Je suivais la lumière, bifurquant dans une épingle à droite. La captivité ne seyait à personne, et j'étais convaincue que cette petite luciole n'y avait pas survécu, rendant sa dernière lueur sans que je puisse arriver à temps.❝On va les retrouver.❞ assurais-je, avec confiance. J'allais le faire, les trois lucioles seraient bientôt libres et réunies. Dans mon esprit tout était très clair : après leurs retrouvailles, je demanderai au premier feu-follet de me ramener auprès d'Arsène. Pour m'assurer que rien ne lui était arrivé et parce que je ne le laisserai pas vivre la moindre aventure sans moi. Le second sera pour lui, afin qu'il puisse retrouver le chemin de son royaume, sa maison. Et s'il m'était permis de le faire, je demanderai au dernier de me ramener chez moi.
C'était un plan simple, mais que j'espérais efficace. Après tout, rien ne semblait se dresser sur mon chemin ici et j'allais évidemment en profiter, songeais-je en bifurquant de nouveau à droite, par deux fois. Je percevais la lumière, à quelques haies de ma position. Je m'arrêtais un instant, pivotant sur moi-même, en proie au doute. ❝Montre-moi...❞ demandais-je à la flamme bleue que je libérais de mon abri, m'élançant à sa suite alors qu'elle faisait une boucle par l'Est. Puis, je tournais à gauche, encore à gauche et finis par ramper sous la haie qui me faisait face et qui était détériorée par le bas. Alors, je trouvais le second feu-follet, que je libérais également d'un coup de talon. Je me retournais vers le Sud et mes craintes se confirmèrent lorsque je vis le faisceau lumineux vaciller et s'éteindre.❝Non...❞ murmurais-je, désemparée, l'échec me clouant sur place. La perte du dernier feu-follet m'amenait irrémédiablement à faire un choix, car quelqu'un devra donc renoncer à son voyage de retour et rester ici. Si à une époque, je mettais un point d'honneur à me servir en premier, les choses avaient changé aujourd'hui et ma raison me soufflait déjà quelle était la bonne décision à prendre. Celle qui serait la plus honnête, la plus altruiste et la plus noble : Arsène. Bien-sûr que c'était lui. Il devait rentrer, et vivre toutes ses aventures et ce n'était pas à moi de lui imposer une existence ici. Quant à moi, je resterai, jusqu'à ce qu'une autre issue pour quitter ce Royaume qui voulait ma tête se présente.
Accepter cette fin n'était pas aisée et je déployais des efforts considérables pour ne pas céder à la détresse. Bientôt, je rejoindrai mon partenaire pour la dernière fois, il me fallait davantage de courage. C'est alors que les deux feu-follets désormais réunis, se mirent à me fausser compagnie en filant au-travers des couloirs tristement semblables du labyrinthe. Ignorant les picotements sous mes paupières, je les suivis et bientôt, ils me menèrent au centre du domaine, où un gigantesque menhir bleuté se dressait. Celui-ci luisait d'une lueur diffuse et les feu-follets semblèrent danser autour de lui un instant avant qu'un rayon de lumière ne vint balayer les environs. Oh oui, je savais ce que cela signifiait car j'avais déjà assisté à ce phénomène un certain nombre de fois. Cette vague de magie marquait la fin de cette malédiction et il y eut comme un éclair aveuglant, suivit d'une profonde secousse qui me fit tituber. Je clignais plusieurs fois des yeux, jusqu'à ce que la luminosité diminue et je vis une silhouette qui me faisait face. Une silhouette qui m'était familière désormais...
Il n’avait pas remarqué tout de suite, trop occupé à discuter avec son compagnon remplaçant qui avait décidé de venir tournoyer autour de sa tête, mais en plus du faisceau ouest qu’il venait de faire disparaitre, le faisceau est semblait avoir fait de même pendant qu’il avait le dos tourné. Se pourrait-il que sa non logique soit juste et que Regina soit bel et bien à l’opposé de lui ? Chic. Il devait reprendre son chemin au plus vite. Il ne savait si c’était cette pensée ou la douce chaleur et la présence du feu-follet, mais Arsène retrouvait un regain d’énergie sans pareil, se lançant dans les allées du labyrinthe avec bien plus d’entrain désormais, suivant le feu-follet dans un virage serré l’emmenant à gauche.
Maintenant que ses ronchonneries aigues étaient un peu calmé, Arsène pouvait recommencer à réfléchir l’esprit posé. Si cette mésaventure était aussi un mauvais tour de la reine il était étonné de ne pas trouver un garde carte à chaque recoin de haie. Au contraire pas âme qui vive, pas un souffle de vent et pas même un chant d’oiseau ne venait troubler le silence qui l’entourait. C’était certainement quelque chose d’angoissant, mais cela restait moins pire que tout ce que le génie avait pu ressentir durant les siècles passés enfermés dans le briquet. Mais peut-être était-ce là le mauvais tour qu’on avait voulu leur jouer. Les isoler, les séparés pour mieux les brisés et les retenir prisonnier à jamais. Et bien la reine pouvait s’asseoir sur sa couronne -quoi que elle méritait bien qu’on la lui vole en bonus- si elle espérait réellement enfermer le diable une nouvelle fois. Une lueur des plus inquiétantes passa au fond de ses prunelles tandis qu’il s’élançait sur la gauche à deux reprises.
-Bon allez bonhomme, dépêchons nous de retrouver Regina… il y a une souveraine a qui j’ai très envie de faire manger son diadème !
Laissant le petit feu follet flotter sous son nez, ils firent un détour presque complet par l’ouest, avant de poursuivre leur chemin sur la droite, tournant dans cette même direction au croisement suivant, débouchant malheureusement sur un cul de sac.
-Ah mais nooooon ! Tu n’as pas trouvé mieux comme chemin ?
Dépité Arsène l’était d’autant plus qu’il voyait bien que le faisceau se trouvait juste derrière cette maudite haie qui lui faisait face. D’autant plus que le feu-follet semblait s’agitait pour l’inciter à continuer d’avancer. Bien puisqu’il y tenait, Arsène se saisit de son épée à deux mains et commença à se tailler son propre chemin à travers la haie, passant sa frustration sur le décor, débouchant enfin de l’autre côté, le cheveu tout ébouriffé. Ah ! Un autre feu follet. En revanche pas de trace de Regina. Mais bon, il pouvait comprendre et pardonner que la petite flammèche bleu ait eu lui aussi de venir au secours de son camarade. Libérant le second être magique, il ne manqua pas cette fois la disparition du tout dernier faisceau.
-Bon allez, maintenant soit sympa et conduis moi vers Regina s’il te plait.
Après tous, les légendes racontaient que c’est petits êtres mystiques étaient au fond des guides, certes un peu espiègles, mais ce n’était pas lui qui blâmerait quiconque pour ce trait de caractère. Semblant comprendre le désir du cambrioleur, les deux feu-follets repartirent, Arsène ne les lâchant pas d’une semaine, courant en se fichant bien désormais de se montrer discret, déboulant comme si il avait le feu aux trousse au centre même de ce maudit labyrinthe. Mais le plus curieux restait ce qu’il y trouva, observant les feux follet se mettre à tournoyer autour d’une grosse pierre bleutée, se rapprochant avec prudence en voyant soudain la lumière commencer à pulser avant d’éclater en une vague qui se répercuta sur tout le labyrinthe, l’obligeant à fermer les yeux. Qu’elle ne fut donc pas sa surprise en les rouvrant de découvrir face à lui la silhouette féminine qu’il désespérait tant de retrouver. Un large sourire espiègle autant que ravi étira alors ses lèvres, lui faisant dodeliner de la tête dans cette bouille absolument pas sérieuse mais tout à fait charmeuse qui lui était propre.
-Vous aurais-je manqué ? Vous n’espériez pas vous débarrasser de moi j’espère !
On ne change pas un Méphistophélès. Même les siècles n’y sont jamais réellement parvenus alors qu’ils le poussaient toujours plus à évoluer. Mais la sincérité qui brillait au fond de ses prunelles était, elle, des plus sérieuses.
Toute cette réussite, ça en devient lassant. Dire que ça ne prend même plus la peine de mettre le public en haleine. Vous voulez que je vous dise ? Tous les deux là, vous êtes prévisibles. Tellement prévisibles en fait, que vous avez fini par vous faire avoir. Bien fait, bande de chanceux. Délivrés des mondes-miroirs, vous vous retrouvez enfin. Le menhir est maintenant devenu simple pierre et les feu-follets se sont évaporés. Une voix s'élève alors dans votre dos, s'invitant dans la conversation :❝On ne se débarrasse pas de moi non plus.❞ Vos sourires se figent alors que la Reine de Cœur elle-même se tient devant vous. Elle vous a étudié, sa Majesté, elle a compris votre fonctionnement et bien que cette dernière épreuve aurait pu réussir, ce n'était en réalité qu'un prétexte pour ensuite vous faire réapparaître là où elle se tiendrait prête pour vous attendre. Honnêtement, après tout ce que vous avez déjà traversé...un monde sans une seule âme qui vive ? Sans obstacle à franchir ? Sans une quelconque difficulté que celle de vous promener ? Même vous auriez pu déceler l'odeur du piège, et vous avez été bien naïfs de croire que vous jouissiez d'un privilège. C'est décevant. Mais au moins, cela a permis à la Reine d'obtenir ses deux fugitifs préférés sur un plateau.
Un geste de sa part et les haies alentours semblent se mouvoir et se rattachent les unes aux autres, formant alors un espace clos où la fuite semble impossible. A intervalles réguliers, les gardes s'étaient disposés lances levées, tant pour assister leur Reine que pour asseoir son autorité. Il semblerait que soit venue l'heure de rendre enfin des comptes, et que vous ne puissiez plus vous dérober face à cette confrontation. Menton relevé, la Reine claqua des doigts et les clairons de sa milice s'élevèrent d'un seul geste. ❝Par décret Royal, sa Majesté la Reine de Cœur (louée soit-elle) déclare ce jour comme étant jour de fête. Votre Souveraine vous convie toutes et tous à l'exécution par décapitation, des deux plus grands criminels activement recherchés par la couronne. Habitants du Pays des Merveilles, réjouissez-vous, et souvenez-vous de ce jour comme étant celui où la sécurité du Royaume fut maintenue !❞ A l'unissions, les trompettes se baissèrent pour sceller cette condamnation anticipée dans le marbre. Il semblerait que vous n'ayez plus le choix que de défendre votre vie, la Reine se faisant un plaisir tout particulier de vous confronter. Sans doute le coup de la porte dans la figure, c'était pas très gentil et sa dignité en avait pris un coup. D'un revers de main, la voilà qui ouvre les hostilités, vous envoyant valser à quelques mètres avant que vous n'ayez pu mesurer la gravité de la situation.
→ Pour ce jour 5, votre objectif commun sera de remporter votre duel avec la Reine de Cœur, le Boss de fin de niveau.
Arsène > Ta mission sera de porter 4 coups à la Reine (4 rps courts), en usant de la combinaison de dés suivante pour chaque post : "Quitte ou double + Faste ou Néfaste" > Le premier dé t'indiquera le résultat de ton attaque et le second, la riposte immédiate de la Reine. {BONUS} = Si Regina venait à tirer un Echec, n'oublie pas de la protéger des cartes rouges, en t'acquittant d'un nouveau dé "Faste ou Néfaste" pour tenter de parer leurs assauts. Regina > Ta mission sera de porter 4 coups à la Reine (4 rps courts), en usant de la combinaison de dés suivante pour chaque post : "Quitte ou double + Faste ou Néfaste" > Le premier dé t'indiquera le résultat de ton attaque et le second, la riposte immédiate de la Reine. Si Arsène venait à tirer un Echec, n'oublie pas le protéger des cartes noires, en t'acquittant d'un nouveau dé "Faste ou Néfaste" pour tenter de parer leurs assauts.
NB > Vous pouvez poster plus de 4 Rps si vous le souhaitez (oupas), pour venir en aide à votre partenaire et pour remporter ce duel avec Cora, avec les mêmes conditions que ci-dessus. Cora renoncera lorsqu'elle aura subit 8 coups quoiqu'il arrive.
Je ne pus m'empêcher de sourire lorsque ce que je reconnus mon binôme, de l'autre côté du dolmen. Je n'étais pas encore certaine de saisir toute la logique du monde que je venais de quitter, mais une chose était sûre, cette réalité-là me convenait bien plus. Rictus en coin et petite moue amusée, je secouais la tête de gauche à droite avant de lever brièvement les yeux au ciel. Cet homme est décidément incroyable. J'allais le rejoindre avant de feindre la mauvaise grâce :❝Bon d'accord, peut-être juste un peu.❞ déclarais-je, le nez en l'air.❝De toute façon vous vous ennuyiez trop sans moi, avouez-le.❞ Et oui.
S'éleva alors derrière moi une voix mielleuse mais pourtant d'aucune chaleur. La Reine de Cœur. Mais comment ? Nous fîmes volte-face et je vis qu'elle et ses sbires s'étaient déjà déployés depuis longtemps et qu'ils nous attendaient aussi sûrement qu'ils étaient certains de notre arrivée à cet endroit. Je compris alors que notre séparation avait été planifiée et que nous essuyions un tour de retard face à la propriétaire du labyrinthe. Elle était pour cette fois, gagnante sur les deux tableaux : notre retour nous aura amené tout droit dans cette embuscade, mais si nous avions échoué à revenir dans cette réalité alors, nous aurions été perdus de toute façon. D'un seul geste, elle nous enferma de son étreinte végétale, coupant tout espoir de fuir. La milice était au grand complet, pointant leurs armes sur nous en l'attente d'ordres plus directs. Le choral polyphonique s'éleva dans les air, comme le coup de glas annonçant notre sort déjà acté à la population. Hors de question ! Usant de vitesse, je fis apparaître une flambée dans ma main, avant de la diriger droit sur cette femme que je peinais à reconnaître comme ma mère. Cependant, elle n'atteignit jamais sa cible, la Reine la dissipant avant qu'elle ne finisse sa course comme une simple formalité. ❝Je ne crois pas, non.❞ commenta-t-elle, amusée. Puis elle lança son bras dans notre direction, nous envoyant s'écraser quelques mètres plus loin.
La lumière bleue disparue, Regina retrouvé, Arsène est plus que satisfait, amusé, trop heureux de voir tout de même sa comparse rentrer quelque peu dans son jeu de bravade. Lui offrant un sourire plus doux, il va même jusqu’à lui offrir la concession qu’elle mérite.
-J’apprécie votre sens de la répartie comme votre compagnie que voulez-vous.
La joie est écourtée quand une autre voix vient s’inviter, se retournant de concert pour faire face à la reine écarlate. Il n’est absolument pas ravi de la revoir, c’est le moins qu’on puisse dire. Surtout qu’elle est loin d’être seule, toujours flanquée de ses sbires. Quel dommage qu’ils n’arrivent pas à se débarrasser d’elle même s’il doit reconnaitre -avec toute sa mauvaise foi- que c’est un très joli coup qu’elle vient de leur jouer, il s’y connait. Ainsi donc ils se retrouvaient une fois de plus encerclé, prisonnier même, quand les haies du labyrinthe se refermèrent également autour d’eux. Les clairons reviennent agresser leurs oreilles, le couperet de la sentence tombe, sans surprise pour les deux têtes d’affiches. Déjà sa comparse réagie, usant de sa magie Arsène profitant de cette réaction pour porter une attaque conjointe plus efficace, s’élançant lame en avant, portant un coup d’estoc a priori grossier puisqu’il effleure à peine la tête de Cora, cette dernière les renvoyant au sol sans douceur.
-Je ne vous croyez pas si bête. Vous n’avez aucune chance.
-Je crois que cela reste encore à prouver.
Alors qu’il se relève, le diable dévoile dans sa main le diadème que la reine de cœur portait il y a un instant sur sa tête, le laissant tournoyer autour de son doigt. Jamais il n’a cherché à couper la tête de son adversaire bien au contraire c’est la couronne qu’il visait, profitant du coup porté pour la récupérer de la pointe de sa lame, s’assurant qu’elle glisse jusqu’à sa garde. Dans son monde il a appris l’escrime tout jeune, avec son père comme professeur, avant de trouver meilleur. Il avait dit qu’il lui ferait manger son diadème ou a défaut le lui déroberais et la stupeur qu’il lit sur les traits de son adversaire face à son insolence, explique qu’il ne soit pas tout de suite mis en morceau alors que c’est sur sa tête à lui que la couronne se pose.
J'avais oublié à quel point la magie de ma mère pouvait à la fois être intuitive et si expéditive. Car c'était le mot. Non contente d'avoir neutralisé mon sort, elle nous envoya valser quelques-mètres plus loin d'une simple courbure du poignet. Brusque retour en enfance alors qu'elle se chargeait des punitions, lorsque je refusais de me plier à ses exigences. Agacée mais épargnée, je me redressais pour voir Arsène, tiare sur la tête, après qu'il eut fendu l'air de son épée à quelques centimètres de notre ennemie.❝Roi de cœur, vraiment ?❞ le taquinais-je, de nouveau debout. Un titre qui lui allait plutôt bien, finalement. Même si je doutais que ce genre de diadème soit le style le plus approprié pour lui. Profitant de la surprise de la Reine, qui était trop offusquée d'avoir vu le symbole de son pouvoir lui être ravi de la sorte, et devant la majeure partie de son armée qui plus est, j'attaquais de nouveau, et mes braises la frappèrent de plein fouet, la faisant tituber.❝Je t'ai déjà bannie une fois : je le referai.❞ promis-je, avec une pointe de désinvolture.
Je m'écartais des ronces, étreinte d'un mauvais pressentiment. Les gardes bien qu'immobiles tout autour de nous, se tenaient également à bonnes distances et c'était pour moi une raison suffisante pour me méfier. Plissant les yeux, je détaillais les massifs, croyant déceler les mêmes petites pointes sombres et dangereuses qui peuplaient le Pays Imaginaire. Un œil méfiant sur Cora, je glissais en aparté au nouveau roi auto-proclamé :❝Arsène : les haies, ne les touchez pas. Ne les approchez même pas, elles sont enduites d'Ombrève, un poison très violent et très rapide.❞ J'hésitais une fraction de seconde avant d'ajouter à contrecœur.❝Contre lequel je ne pourrai rien faire...❞ A mon grand regret. Ma magie ne pouvait rien contre ce mal et je n'étais pas certaine que le remède puisse se trouver ici, au Pays des Merveilles, bien que je pouvais toujours être de nouveau surprise parce que ce royaume pouvait avoir à offrir. Comment ma mère se l'était procurée, c'était une autre histoire mais je l'avais suffisamment vue à l'œuvre pour ne pas vouloir être une nouvelle fois témoin de cette expérience. Surtout si cela venait à toucher Arsène, je m'en voudrai terriblement. C'était sans doute le pire qu'il puisse arriver.
Il a arrêté de compter le nombre de chutes qu’il a faites depuis qu’ils sont coincés dans ce monde. Mais bon sang, celle-ci en valait bien la peine. Triomphant ou presque, la couronne bien placée sur ses bouclettes, il ne peut que sourire face et rire face à la répartie de Regina. Ils ont besoin de faire les pitres pour ne pas trop penser que s’ils perdent, ils disent adieu à leur tête.
-Pourquoi pas ! Puisque malheureusement le titre de reine ne m’irait pas bien au teint…
Il est ravi de voir que son petit tour a assez contrarié la reine pour que sa partenaire réussisse à placer une nouvelle attaque qui touche au but. Mais ils ne doivent pas baisser de vigilance car ils viennent tout de même de l’humilier devant ses sujets. Aussi, malgré la surprise d’apprendre que Regina sembla avoir déjà terrassé la reine à sa première visite, le cambrioleur ne quitte pas la reine des yeux, essayant de trouver une issue ou au moins une nouvelle ouverture. Il ne pourra pas jouer de ses tours de passe-passe comme avec les gardes ici. Gardes qui s’agitent mais ne bougent pas. Au moins l’affront d’Arsène a été tel que la reine semble décider de se charger à elle seule. Si encore la reine se contentait à nouveau de les arrêter, il feint de se laisser gentiment faire pour mieux organiser son évasion par derrière. En plus la partie est à moitié truquée ! Voilà que maintenant les haies sont empoisonnées. Mais il remercie Regina de sa sagacité
-C’est bien noté ! Mais puisque visiblement tous les coups semblent permis, peut-être pouvons nous en tirer avantage ?
Oui il parle d'empoisonner la souveraine. Si Arsène le cambrioleur s’est toujours dit et vu gentleman -en dehors de cette fâcheuse histoire avec la Cagliostro- le diable Méphistophélès lui a perdu tous ses scrupules en la matière. Et à force de venir le chatouiller, c’est bien le diable que cette chère Cora a fini par réveiller. Bien sûr Regina a plus de chance que lui de frapper l’adversaire, aussi Lupin estime qu’il sera de son rôle à lui de lui ouvrir toutes les opportunités possibles. Toujours couronné, il fait tourner un instant sa lame, faisant mine de repartir à l’attaque, la reine de cœur essayant alors de le saisir à l’aide de plusieurs liane, l’obligeant à rouler au sol, profitant de ce mouvement pour envoyer une bonne dose de terre en plein dans les yeux de son adversaire qui se retrouve alors momentanément aveuglée.
Humilier sa Majesté devant toute sa garde réunie avait quelque chose de grisant. Un sentiment qu'il ne m'avait pas été donné de ressentir depuis quelques temps, mes aventures héroïques s'étant terminées avec la victoire de la Sauveuse dans la bataille finale. Depuis, ma vie avait été un fleuve plus tranquille, et en un sens, elle s'était traduite pas un rythme plus monotone. Alors que le moment n'était assurément pas à la plaisanterie, je me surpris cependant à laisser échapper un petite rire, répartie inattendue et sortie de nulle part dans ce combat à mort.❝Vous avez raison, les Reines portent plus de strass : croyez-moi, je m'y connais assez bien en la matière.❞ fis-je avec un clin d'œil taquin, lui dévoilant quelques indices sur mon passé par la même occasion. Mais aller jusqu'à l'affubler de la sorte serait aller un peu loin. Il était bien mieux ainsi.
Je lui avais confié mes craintes quant au danger supplémentaire que représentaient les haies empoisonnées. Si j'étais pratiquement certaine d'avoir raison, cela pouvait se révéler être un risque considérable pour nous car je ne voyais ici aucun moyen de nous en défaire. La moindre égratignure se montrerait alors irréversible et mortelle. Arsène comprit les enjeux d'un tel décor, et il proposa d'en faire usage pour notre réussite personnelle. J'eus un instant d'hésitation, ayant déjà vu les dommages et le souffrances qu'un tel contact procurait. Il s'agissait de ma mère, tout de même...Mais je hochais finalement la tête, me rangeant du côté du Roi.❝Absolument, une petite séance de jardinage s'impose.❞ acquiesçais-je finalement. Si les rôles avaient été inversés, ma génitrice ne semblait pas faire de mon cas une exception, me réservant les pires traitements, agrémentés de promesses de morts. Nous jouerons donc à armes égales.
Arsène fit un mouvement de bras, prémices d'une feinte visant à leurrer la Reine. Celle-ci, réagit positivement, tentant de saisir mon partenaire qui s'était déjà roulé au sol pour l'éviter, provoquant des mouvements désordonnés chez celle qui avait proclamé notre exécution. La terre vint l'aveugler, et c'est ce moment que je choisis pour pousser Cora dans les ronces, le rouge de sa robe se fondant merveilleusement aux boutons de roses en fleurs, couronne d'épines qui remplaçait celle qu'on lui avait dérobé. Un long cri de douleur fit écho à sa posture, l'épiderme griffé de toxines bientôt mortelles. Je détournais le regard pour prévenir toute trace de culpabilité qui pourrait m'assaillir, m'écartant pour rejoindre mon partenaire alors que notre ennemie s'extirpait de son auréole de douleur. Refusant de crier victoire trop tôt, j'adoptais une position défensive, connaissant les ressources nombreuses qu'étaient celles de ma mère.
Oh qu’il aurait aimé la questionner davantage à son tour. C’est vrai qu’ils n’avaient pas trop eu le temps de faire la causette sur le passé jusque là, même si Regina avait tenté quelques approches. Et voilà qu’elle lui rendait maintenant le petit jeu qu’il avait mis en place ! Il brûlait désormais d’envie de lancer un petit jeu de questions/réponses avec sa partenaire, mais une autre reine devait d’abord être évincée pour se faire. Oui c’est le clin d’œil qui avait envie de lui laisser croire que finalement sa si inégalable partenaire pouvait être reine. Une reine bien plus délicieuse que celle rouge écarlate jusqu’aux joues tant l’affront des deux résistants est grand.
Ils n’avaient pourtant normalement pas l’avantage. Le nombre ? Cora avait son armée, les cartes se dandinant de plus en plus mal à l’aise et incapable de décider quoi faire. La puissance ? Face à la magie, les options d’Arsène étaient plus réduites. Aussi restait-il la ruse et les coups les plus déloyaux possibles. Mais cette fois il ne pouvait être seul décisionnaire, et l’hésitation de sa partenaire était perceptible, même s' il ignorait tout de la profondeur du dilemme qui se jouait. Peut-être aurait-il abordé les choses différemment s’il avait su. Su pour cette parenté cachée. Difficile à dire. Méphisto n’était pas le gentil de l’histoire. Que ce soit dans ce monde ou dans les autres. Non pas qu’il désirait le titre de héros, ça ne lui collait de toute façon guère à la peau. Ça n'était pas lui et il l’assumait comme il assumait ses faiblesses autant que ses actes. Il assumait le rôle qu’il s’était choisi et il bouillait, souvent, derrière ses sourires, de voir tous les autres se cacher derrière mille excuses ou en se voilant la face. Non Méphisto était le méchant des histoires. Il était celui que l’on se refusait de comprendre, celui à qui l’on renvoyait éternellement les mêmes questions… Pourquoi était-il aussi mauvais ? Pourquoi faisait-il tout cela ? Et lui se demandait pourquoi personne ne pouvait accepter qu’il était simplement ce que sa nature tout comme celle des autres et son existence avait fait de lui. Et Arsène n’en était que la jolie façade.
-J’aime votre façon de voir les choses ! Soyons réalistes, de nous deux vous avez les meilleures chances, alors faites attention et profitez bien que je prépare le terrain.
Elle avait accepté au bout du compte. Arsène lui avait déjà fait son choix en tout état de conscience. Si la reine de Cœur ne voyait pas que son piège pouvait se retourner contre elle alors elle n’avait rien compris. Cora désormais aveuglée, sa partenaire profita de l’ouverture comme convenu, laissant le temps à Arsène de se décaler avant de finir lui aussi dans les rosiers. L’image de la maîtresse du Pays des Merveilles prise à son propre labyrinthe avait presque quelque chose de poétique contrairement à son cri qui approchait plus de la rage et de l’agonie. Regina à ses côtés, ils étaient prêts à affronter la suite, la reine de Cœur se dégageant bien vite de sa prison, les yeux étincelant de colère rivée sur Arsène.
-Qui croyez-vous donc être ?! Je suis LA Reine… Vos petits artifices resteront toujours inégaux face à ma magie !
- Allons, allons vous vous emportez… et puis j’ai toujours dit qu’il ne faut jamais attribuer à la malice ce qui peut s'expliquer adéquatement par l'incompétence ...
Un tacle supplémentaire de la part du vilain diablotin qui laissait finalement voir ce côté plus obscur, esquivant une nouvelle attaque magique contre sa personne de la part d’une Cora furibonde loin d’être encore affaibli.
-Gardes !!!
La souveraine semblait finalement se rappeler de son armée de cartes mais déjà Arsène était sur elle, l’épée brandit, taillant astucieusement en pièce la robe tout en tissu et repli de sa victime, ramassant les morceaux d’étoffes, lançant le premier sur à la tête de la souveraine, usant du reste pour l’enrouler et la ligoter de manière grossière. Cela leur donnerait un peu d’avance pour s’occuper des cartes et éviterait d’essuyer trop d’attaques mortelles de tous côtés.
La douce chaleur du feu-follet au creux de ma main était source de réconfort, ses petites inflexions mélodieuses rompant le silence de plomb qui semblait me couper du monde. Car c'est exactement de cela qu'il s'agissait, de cette impression d'évoluer dans un décor exempt de toute présence, qui me murait indéniablement dans cette solitude que j'avais éprouvée de si longues années lorsque j'étais encore la Méchante Reine. Je me dirigeais vers le Nord au pas de course, protégeant la créature entre mes paumes. Si je voulais toutes les délivrer, la rapidité sera mon alliée, ne sachant pas ce qu'il était advenu de celle de mon Ouest. Je suivais la lumière, bifurquant dans une épingle à droite. La captivité ne seyait à personne, et j'étais convaincue que cette petite luciole n'y avait pas survécu, rendant sa dernière lueur sans que je puisse arriver à temps.
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