Comme je l'avais pressenti, ce n'était pas là son premier contact avec la Magie. Si je commençais à ériger quelques hypothèses concernant sa vie passée, il se contenta d'éluder la question et aucune ne fut ni confirmée, ni démentie.❝Plongé jusqu'au cou ? Est-ce à dire que vous la pratiquez ?❞ me risquais-je à insister. Peut-être n'étions nous sur ce point, pas si différents l'un de l'autre. Plongée jusqu'au cou, voilà qui pourrait également décrire la noirceur dans laquelle je me suis jadis enfoncée aux côté de mon mentor Rumplestitskin.
Mes sauts se faisaient plus lents, à mesure qu'ils s'additionnaient au compteur. Et comme l'avait si bien dit mon partenaire, lentement mais sûrement et la sûreté était sans doute ici primordiale au reste. La discussion s'était naturellement tournée vers le caractère inhospitalier de cet endroit et du manque d'amabilité de notre hôte. J'eus un sourire gêné lorsqu'il me questionna et lui rendit son regard, du moins autant qu'il m'était possible en étant retournée.❝Oui...je suis déjà venue. Une fois.❞ Je sautais, m'appuyant sur son bras pour me stabiliser et poursuivre.❝C'était un bref passage, c'est pourquoi j'ai bien peur de ne pas pouvoir vous renseigner autant que je l'aurai souhaité. Mais une chose est sûre, le Pays des Merveilles est un royaume peu conventionnel, extravagant et changeant. Si vous voulez vous préparer au mieux à ce qui nous attend...je pense que la meilleure solution est encore de..et bien de s'attendre à tout.❞ résumais-je avant de sautiller de nouveau.
Pour la quatrième -et je l'espérais la dernière- fois, nous marquâmes un arrêt. A bout de souffle, je boitillais jusqu'à la haie et m'appuyais dessus pour écouter mon binôme phraser avec joliesse. Dans le choix de ses mots, je pouvais sentir que l'éclat d'amusement avait disparu pour laisser place à une pointe d'agacement. Il avait raison, nous ne manquerons sans doute pas de perdre la raison si cette supercherie venait à s'éterniser. Je soupirais, le moral plongeant de n'avoir pas trouvé de quoi contourner l'amendement stupide de ma mère. Un trait de famille qui avait aujourd'hui en particulier, tendance à m'exaspérer. ❝Tout à l'heure, vous avez dit que plus rien ne pourrait vous surprendre...Qu'en est-il de ceci ?❞ Hésitante, je laissais quelques flammes naître au creux de ma paume, guettant sa réaction.❝Quitte à ce que nous devions avancer avec autant de peine, autant choisir les raccourcis et s'épargner les éventuelles fausses routes, qu'en dites-vous ?❞ Je lançais alors la petite boule de feu vers la haie face à nous qui s'embrasa, laissant un trou béant à l'endroit de l'impact, qui laissa entrevoir le couloir suivant.
Cette entrée en matière était loin d'être une partie de plaisir, je vous l'accorde. Néanmoins, votre patience et votre détermination vous ont permis de vous avancer jusqu'à la première intersection. Enfin. Un petit pas pour l'homme mais un grand pas pour la dame, visiblement car elle semble aussi éprouvée qu'un navire ayant essuyé une tempête. La Reine de cœur vous a demandé de quitter les lieux, mais elle n'a jamais parlé de l'état dans lequel vous allez y parvenir. Vous êtes tout de même un peu exigeants, je trouve. Quoiqu'il en soit, vous apercevez la chenille bleue et ses volutes qui, après vous avoir espionné tout son saoul, s'en retourne piéger d'autres âmes dont on souhaite qu'ils soient au moins aussi malins que vous.
Vous contemplez le trou noirci créé dans la haie qui vous fait face. Peut-être que ça pourrait bien vous faciliter les choses et que le pire reste derrière vous. C'est beau de rêver...car à peine cette pensée vous a effleuré l'esprit que vous entendez de nouveau le clairon royal, de mauvaise augure. C'est bien deux cartes qui, lances en main, traversent le trou magique que vous avez provoqué (enfin surtout Regina quoi). Comme lors de votre arrivée, l'As de Pique déroula son parchemin : ❝Par décret Royal, en conséquence de l'outrageuse détérioration de l'un des biens de la Reine de Cœur (louée soit-elle) -confer la parcelle Nord du labyrinthe des Merveilles- et tenant compte de sa précédente sommation à vous voir quitter le Royaume : La Reine (louée soit-elle) extrêmement attristée du sort de ses précieuses haies en souffrance, a émis le souhait de vous couper la tête dans les plus brefs délais. Ainsi en vertu de l'alinéa 007 et conformément aux lois de ce Royaume, vous êtes tous deux placés en état d'arrestation. En l'attente de votre procès, et par respect pour la Reine (louée soit-elle) la nuit aura exceptionnellement été avancée de 7h pour vous faire disparaître de sa vue le plus tôt possible, et l'utilisation de la magie est désormais révoquée jusqu'à l'aube.❞ Le bruissement sec du parchemin qui roule, laisse place au métal des lances tendues dans votre direction. Si vous n'aviez pas encore eu l'occasion de paniquer, vous pouvez le faire maintenant, c'est plutôt opportun. La seconde carte Royale, le quatre de bourreau carreau s'approche alors et lance son casque de fer à vos pieds. Avant que vous n'ayez eu le temps d'esquisser le moindre geste, le monde se met à tourner et vous vous retrouvez aspirés à l'intérieur.
Il n'y a que le noir, et le froid. Tout ce qu'on attend d'une prison, en somme. Vous allez être jugés au petit matin et il ne vous reste qu'à profiter de ces quelques heures pour...oh et puis, faites ce que vous voulez, c'est pas comme si l'endroit regorgeait d'activité de toute façon. Vous vous imprégnez des lieux, vos mains devenant vos yeux dans cette obscurité opaque. Etrangement, alors que vous vous attendiez à rencontrer la pierre, vos doigts rencontrent la végétation, signe que vous êtes retenus prisonniers au sein même du labyrinthe. Puis soudain, vous vous surprenez à rencontrer un petit objet dur, visiblement de cuivre. Une clef. Il semblerait que vous n'ayez pas que des ennemis ici et il vous semble d'ailleurs sentir les effluves de narguilé passer au-travers de la haie. Une exclamation de votre partenaire juste à côté lorsque vous lui mettez votre trouvaille dans la main. Il y a des frémissements dans les feuillages, la chenille s'active pour tenter de vous faire passer d'autres indices. Votre temps vous est compté, mais vous savez ce qu'il vous reste à faire désormais. La nuit prématurée étendant son ombre sur le royaume, il s'agira de vous guider à tâtons. Attention où vous mettez les doigts !
→ Pour ce jour 2, votre objectif commun sera de vous évader de prison.
Arsène > Pour avoir tiré le dé du Chapeau, ta mission sera de trouver la serrure de la cellule que vous partagez et dont l'ouverture permettra de vous enfuir de cet endroit où il vous a amené. Pour réussir, tu auras au maximum quatre essais pour réussir ton tirage de dé : dès que le premier "réussite" du dé "quitte au double" apparaîtra, ça signifiera que tu auras trouvé l'emplacement de ladite serrure. Si après ces 4 tentatives, toujours pas de "réussite" à l'horizon, vous n'aurez plus de chance de vous échapper cette nuit.
Regina > Pour avoir tiré le dé du décret Royal, ta mission sera de chercher les clefs dans la végétation et de trouver celle qui sera assortie à la serrure. Pour réussir, tu auras au maximum quatre essais (1/clef) pour réussir ton tirage de dé : dès que le premier "réussite" du dé "quitte au double" apparaîtra, ça signifiera que tu auras trouvé celle qui s'imbrique parfaitement dans le mécanisme. Si après ces 4 tentatives, toujours pas de "réussite" à l'horizon, vous n'aurez plus de chance de vous échapper cette nuit.
Arsène comprenait la curiosité et ce n’était pas par malice qu’il gardait le silence mais par prudence. Les réactions étaient trop souvent les mêmes face à un génie. S’emparer de lui. Et que le briquet soit loin ne changeait rien.
- J’en pratiquais une certaine forme par le passé… mais elle ne nous sera pas utile ici.
Petit haussement d’épaule car oui c’est du passé. Et même s' il avait eu les moyens d’offrir un vœu, c’était un pari plus dangereux encore que le labyrinthe lui-même. Le cambrioleur se permit à son tour quelques indiscrétions. Au moins l’endroit avait un nom. Le Pays des Merveilles semblait un peu trop merveilleux pour être honnête. Le conseil de sa nouvelle coéquipière était fort avisé, être prêt à tout lui avait permis de survivre au briquet… Il survivrait au Pays des Merveilles. Après un repos et un dernier poème, Arsène fut tiré de ses réflexions par une nouvelle question. Se retournant, il vit une flamme apparaître au creux de la paume de son acolyte, haussant les sourcils avant de sourire, énigmatique. Les flammes étaient de vieilles amies quand on vivait dans un briquet.
- Si votre question est de savoir si cela me surprend ? Non, pas vraiment. Si elle est de savoir ce que j’en pense, je dirais que c’est un atout qui sera utile si nous faisons quelques mauvaises rencontres…
Un instant il se fit songeur, suite à son idée. Les haies brûleraient et ils gagneraient un temps considérable, mais son expérience lui disait que rien n’était jamais aussi simple avec la magie. Sauf qu’ils n’avaient pas non plus le temps de faire tout le chemin à cloche-pied en amie de la poésie.
- Je n’ai rien de mieux à proposer et vous allez finir par vous tordre une cheville alors allons-y.
Les flammes avaient dégagé le passage, Arsène prêtant à nouveau son bras quand le clairon sonne dans l’air, amenant avec lui de nouvelles cartes, armées et prêtes à en découdre. Par précaution, Arsène fit pivoter le pommeau de sa canne alors que l’As proclamait leur arrestation. Rien n’était simple ici, il commençait à le comprendre et s’apprêtait à tirer sa lame pour avoir une chance de fuir, se stoppant quand le quatre lança son casque sur eux. C’était ainsi que démarrait le duel ? Ils étaient de toute façon déjà aspiré une fois de plus dans un trou bien sombre où il s’écrasa avant de pouvoir se relever. Premièrement : c’est grisâtre, froid et sombre, tel une prison. Deuxièmement : ils sont dans la merde.
- Bon puisque seul la mort nous attend, autant essayer de filer d’ici sans tarder. Avez-vous un sort qui pourrait nous aider sans être trop risqué ?
Le Gentleman Cambrioleur n’en était pas à sa première arrestation et encore moins à sa première évasion. Surtout quand sa tête était en jeu.
Je fus rassurée de voir que la découverte de mes pouvoirs n'engendra pas de mouvement de recul, de réaction inadaptée ou même excessive. Ainsi les choses seraient claires entre nous et je lui devais au moins ça, lui dont le bras devait maintenant fourmiller de m'avoir soutenue durant cette longue traversée. S'il lui était venue l'idée de m'abandonner maintenant, sans doute aurais-je été dans une position désavantageuse : quel espoir de fuite y avait-il, sur un pied et en arrière ? Aussi, j'obtiens son accord pour reproduire le schéma que j'avais déjà observé lors de ma précédente visite. Des flammes lancées sur les cloisons végétales, qui par ailleurs, brûlaient toujours aussi bien.
Cependant, il n'y eut pas matière à se réjouir, aussi tentant cela était-il car déjà, les notes sinistres d'un clairon solennel nous parvenaient aux oreilles. J'agrippais une branche pour me redresser de la haie, face aux deux cartes-soldats qui se tenaient devant nous.❝Comment ça la nuit aura été avancée, qu'est-ce que c'est que ça encore ? Quitte à ce que vous vous payez notre tête -dans tous les sens du terme- j'aimerai autant que vous évitiez de nous prendre pour des imbéciles.❞ m'offusquais-je alors que la lecture du parchemin prenait fin. Et pourtant, le ciel était déjà en train de s'assombrir au-dessus de nos tête, dans un procédé qui ne pouvait être issue que de magie noire. Un éclat métallique, menaçant alors que nous étions déjà aspiré par le casque du sbire maléfique.
L'obscurité était totale, et pas naturelle. C'était également humide et froid. Un peu comme mes propres cachots en vérité, la noirceur aveugle exceptée. Avec précautions, je me relevais, goûtant au plaisir de reposer mes deux pieds au sol : puisque le précédent décret n'avait été proclamé que pour la journée, il semblait logique qu'il eut maintenant prit fin. Bien que je ne pus le voir, je me guidais au son de la voix de mon partenaire, visiblement enfermé dans la même cellule. ❝Bien-sûr. Et j'aurai pris un plaisir tout particulier à vous faire une démonstration, si la Reine n'avait pas annihilé mes pouvoirs jusqu'à notre exécution.❞ déclarais-je amèrement, en joignant le geste à la parole pour témoigner de son inefficacité. Je m'approchais :❝Je suis vraiment navrée que vous ayez été mêlé à tout ça, Arsène. C'est ma faute et je n'aurai pas dû m'emporter ainsi...sans doute seriez-vous déjà chez vous à l'heure qu'il est, si vous ne m'aviez pas assisté.❞ déplorais-je. Pour la première fois, je l'avais appelé par son prénom : après tout, c'est quelque chose qui se faisait entre condamnés à mort, n'est-ce pas ? Après une brève pression sur son bras en guise d'excuse, je plaçais la paume de ma main devant moi, et commençais à chercher les limites de notre prison, tentant de bâtir un schéma imaginaire de notre environnement :❝Mais qu'à cela ne tienne, nous trouverons un autre moyen. Il y en a toujours un. Et puis ce n'est pas la première fois que la mort souhaite m'accueillir et pourtant, je suis là avec vous...elle patientera encore quelque temps avant de nous rencontrer.❞
Les priorités d’Arsène et Regina n’étaient pas les mêmes face aux annonces royales. Coulant un regard curieux à sa partenaire à bout de patience - il pouvait comprendre - il se demandait sincèrement en quoi la nuit ou le jour pouvait avoir une telle importance. Se transformait-elle en gargouille la nuit ? Voir le ciel s’assombrir ne faisait rien au diable. On lui avait dit de se préparer à tout quelques mètres avant. Et leurs préoccupations furent tout autre quand le casque s’activa. Arsène avait imaginé bien des éventualités, mais passer directement par la case prison, nullement. A quoi fallait-il s’attendre d’une prison ? La réponse du cambrioleur à cette question n’aurait été rien d’autre qu’un univers grisâtre. Mais au Pays des Merveilles c’était la noirceur qui les accueillait.
Arsène refuse catégoriquement d’attendre l'instant fatidique où la hache tombera sur leur cou. Enfin debout il attend que sa vue s’accommode. Immobile, cherchant une idée, il sent le mouvement de sa compagne d’infortune, annonçant de mauvaises nouvelles. Lui qui rêvait de la plus minuscule des flammes. C’était dérangeant d’être piégé ici. Comme de retour au fond du briquet. Oppressé, seul, piégé. Il retient une inspiration troublée, se forçant au calme pour ne pas céder à l’angoisse, se raccrochant à la voix qui vient s’excuser. Non il n’est pas tout seul. Il est même surpris et ce simple petit geste sur son bras l’apaise étrangement, le forçant à rire avec plus de légèreté.
- Ecoutez Regina. Ils en étaient passé aux prénoms visiblement. Inutile de vous excuser, vous n’êtes pas cette Reine de Cœur, ses gardes ou même ce fichu lapin ? Peut-être que si j’avais continué seul j’aurais eu des ennuis bien pire, je reste persuadé qu’il faut se serrer les coudes pour s’en sortir.
Prenant une inspiration profonde, il glisse à son tour un geste vers elle pour signifier que non il ne lui en veut pas.
- Rien n’est encore perdu. La magie aurait accéléré les choses mais je sais aussi comment m’évader par mes propres moyens. Une serrure, ça se crochète ma chère, alors cherchons !
A moins que leur prison soit magique et faite de six murs pleins, il y avait forcément une sortie. Imitant sa comparse, il commença à tâtonner, bras vers l’avant, sentant bientôt le feuillage sous ses doigts. Ce n’est pas très bon signe. Il a connu des prisons insolites mais cela impliquait en général une issue non conventionnelle qui les obligerait à changer encore de plan. Mais inutile de démoraliser sa partenaire sans certitude.
- Oui il y a toujours un moyen de s’en sortir… Vous avez de la chance décidément, ce genre de jeu aussi est une de mes spécialités.
L’amusement et la taquinerie lui permettait de ne pas penser plus au briquet. Tout comme le fait de chercher la sortie. Sa main courant le long des feuilles, il finit par y plonger le bras, espérant rencontrer au bout quelques barreaux ou planches.
Cette absence de lumière rendait la cellule somme toute assez inquiétante. Je n'avais pas peur du noir, après tout cela avait toujours été ma couleur, mais l'obscurité favorisait souvent les mauvaises rencontres et si de prime abord, je nous estimais seuls, il m'était difficile d'en être tout à fait certaine. Qui était capable de deviner ce qui pouvait se cacher dans les recoins indiscernables de notre prison ? Si seulement j'avais pu conserver ne serait-ce qu'une once de magie, la situation aurait été toute autre.
Depuis notre rencontre, j'avais déjà aperçu cette facette de mon partenaire, cette prévenance naturelle qui permit cette fois encore d'atténuer ces pointes de remords qui m'assaillaient quant à cette fin qui n'aurait pas dû lui être imposée. J'avais tenu à m'excuser, persuadée d'y avoir joué un rôle mais contre toute attente, il parvint à me rassurer. A nouveau. Et ce bras que j'avais si souvent serré aujourd'hui se fit rassurant à mon égard, m'arrachant un sourire qu'il ne pu voir.❝Vous avez raison. Et d'un autre côté, notre duo n'a pas si mal fonctionné depuis que nous avons franchi les portes de ce labyrinthe, il faut bien l'admettre.❞ concédais-je. A y bien penser, malgré tous les obstacles que ma mère semblait vouloir mettre sur notre route, et malgré le fait que nous croupissions actuellement en prison, l'un comme l'autre n'avions pas essuyé la moindre égratignure. Des courbatures dans les jambes, tout au plus, ce qui était honorable.
Nous nous étions écartés pour mieux se répartir le travail d'exploration. La cellule n'était pas bien grande, mais comme toujours lorsque la vue nous était confisquée, les volumes semblaient toujours bien plus grands qu'ils ne l'étaient en réalité. J'eus un petit rire, lorsque mon binôme annonça la situation comme étant une nouvelle péripétie anodine. Un jeu.❝Si forcer les serrures est une de vos distractions, je vais commencer à penser que vous n'êtes peut-être pas si recommandable qu'il n'y paraît.❞ plaisantais-je à mon tour innocemment. Je me surpris alors à imaginer quelle pouvait être la véritable identité de mon compagnon de cellule, à grand renforts de scénarios tous plus originaux les uns que les autres.
Mes doigts effleurant les feuilles de notre cage, j'étais attentive au moindre détail qui aurait permis de nous sortir prématurément de là. Soudain, je me stoppais net, en proie à une sensation de déjà-vu. ❝Est-ce que vous sentez ça ?❞ demandais-je, croyant discerner des effluves enivrantes de narguilé que nous avions déjà rencontré un peu plus tôt. Un éclair de bleu luminescent passa parmi les branchages et je plongeais la main dans la végétation sans hésiter. Maudite chenille de malheur ! Après quelques secondes de lutte pour glisser mes doigts dans les nervures denses des haies, je sentis le contact avec un petit objet froid et lisse.❝Qu'est-ce que...❞ je retirais mon bras, palpant les contours de ma trouvaille alors que mon visage s'éclairait soudain. ❝Crocheter une serrure ne sera peut-être pas nécessaire. En tout cas, pas si vous êtes en possession de ceci.❞ déclarais-je en me tournant vers lui. Avec hésitation, je sondais le vide pour trouver sa main, dans laquelle je fis glisser délicatement la mienne pour lui remettre la petite clef de cuivre qui venait de m'être offerte. ❝Il semblerait que vous ayez gagné un admirateur suite à votre performance de toute à l'heure. Je crois qu'ici, l'expression 'les murs ont des oreilles' prend tout son sens.❞
- Vous apprendrez bientôt que j’ai toujours raison … Mais si nous rentrons vivants chez nous, nous pourrons tenter quelques aventures supplémentaires. Autour d’un verre pour commencer, naturellement.
Pas besoin de lumière pour capter les pointes de malices espiègles qui caractérisaient Arsène. Tout était bon pour masquer l’appréciation qu’il éprouvait à ne pas être seul. Pour détourner l’attention de ses failles que l’obscurité avivait. Il était d'un étonnant charisme, d'un étonnant caractère, mais cela ne l’empêchait jamais d’être sincère. Le cambrioleur était doué pour le mensonge, le diable lui brillait souvent par son honnêteté. Il avait besoin d’alléger l’atmosphère et refusait d’entendre d’autres sottises sur la responsabilité que pensait avoir sa partenaire. Il savait assumer ses choix.
Ils étaient une équipe imprévue et agissaient en conséquence pour se sortir du pétrin. La cellule était classique si on omettait lierre, branches et épines. Et ils étaient tous deux malins et réactifs. Arsène ne put retenir un nouveau rire léger, nullement moqueur mais simplement amusé de la voir poursuivre son enquête détournée. Oh si elle savait. Il était presque tentant de tout avouer, mais choisit finalement de répondre d’une pirouette aussi habile que taquine.
- Je suis de compagnie tout à fait recommandable si cela vous inquiète… vous devriez plutôt vous demander si je suis quelqu’un de fréquentable. Je suis loin d’être parfait comme vous vous en doutez…
Continuant d’explorer, Arsène se stoppa net, reniflant l’air discrètement sous l’injonction de sa coéquipière. L’odeur était peu trompeuse, faisant lever la tête de Lupin pour mieux en chercher la source.
- Revoilà, donc notre chenille…
Se guidant à la voix de Regina, Arsène la rejoignit rapidement, plus curieux que jamais depuis le début de cette histoire. Maladroit un instant jusqu’à sentir un objet métallique glisser dans sa paume. Une clé. Ils venaient de trouver une clé ?! Jamais évasion n’avait été aussi facile ni risible.
- Quel dommage… vous ne profiterez donc pas de mes autres talents… Au moins je pourrais ajouter charmeur de chenille à ma carte de visite.
Il appréciait sincèrement échanger ainsi. Cela avait enrayé les secondes de paniques et de sueur froides de manière efficace et désormais ses pensées et neurones pouvaient tourner à plein régime pour trouver la serrure associée à cette clé. La logique voudrait qu’elle soit le long d’un des murs, mais rien n’était visiblement logique ici. Surtout qu’ils en avaient déjà exploré une bonne partie sans rien noter. Non, la sortie était soit vers le haut, soit vers le bas. Ils étaient arrivés en chutant, tout désignait donc le plafond. Pourtant c’est au niveau du sol et de leur pied qu’Arsène choisit de chercher, se montrant prudent pour éviter de se piquer les doigts ou se blesser, devant toutefois plonger la main au milieu de quelques épines aiguisées lui égratignant le poignet. Mais il avait senti plus que les simples feuilles et à force de patience parvint à insérer la clé qui lui avait été confiée, une trappe s’ouvrant au milieu de leur cage.
- Je descends voir et si tout va bien, je vous rattrape en bas.
Récupérant sa canne, Lupin se laissa tomber avec souplesse et prudence, étant assez agile pour se réceptionner sans se tordre une cheville, s’assurant que la voie était libre avant de donner le signal à sa partenaire.
Si je n'avais eu jusqu'ici de cesse de me plaindre du manque de lumière de cet endroit, j'étais maintenant soulagée que mon compagnon ne puisse voir l'expression de mon visage, alors qu'il venait de me proposer de se rencontrer de nouveau. Des retrouvailles dûment méritées autour d'un verre, après tant de déboires vécus ici. J'eus un petit sourire satisfait, posant un regard intrigué -mais pas mécontent- sur le haut profil que je devinais à côté de moi.❝Cela me semble être une bonne raison pour rester en vie et quitter ce royaume au plus vite.❞ répondis-je en continuant de sourire pour moi-même.
Il était étonnant de constater que même en pareille situation, une présence à ses côtés pouvait être apaisante. Voire même plaisante, si on en croyait les échanges teintés de malice que nous partagions. Malgré mes efforts, je ne parvenais pas à cerner Arsène dans son entièreté. Beaucoup de parts d'ombre m'interpellaient encore et il ne me facilitait pas la tâche, se détournant tel un acrobate de talent lorsque la discussion se tournait un peu trop vers lui.❝Oh vous savez, étant donné l'endroit où nous nous trouvons, être fréquentable me semble être un critère un peu surfait.❞ répliquais-je avec légèreté et bon sens. Deux criminels, épiloguant sur les convenances et sur l'irréprochabilité de l'autre. L'hôpital qui se moquait de la charité.
Je lui avais transmis la clef, après l'intervention inespérée de notre nouvel ami commun. Après un petit rire quant à sa remarque, je repris ma main qui n'avait plus aucune raison de rester dans la sienne. ❝Peut-être pas aujourd'hui, mais vous aurez d'autres occasions de m'impressionner par vos talents cachés, lors de nos prochaines aventures. Après tout...vous avez toujours raison n'est-ce pas ? Vous l'avez dit vous-même.❞ le taquinais-je, soulagée d'avoir une échappatoire. Du moins, la moitié d'une, car pour toute clef se doit de s'associer à la serrure assortie. Ce qui devint notre seconde mission. Si j'avais, de façon très cartésienne, cherché son emplacement sur l'un des murs, Arsène quant à lui, semblait finalement s'être accroupi. Du moins l'entendais-je s'activer au sol. Une trappe ? Décidément, rien n'avait de sens dans le royaume de ma mère. Mais force était de constater que mon détective avait -une fois de plus- raison. La clef activa le mécanisme et après quelques instants de lutte, une porte s'ouvrit. Je fermais les yeux et poussais un soupir de soulagement. ❝Vous l'avez trouvée.❞ Je me mis à genoux à mon tour, entrant enfin dans la lumière. Parfait gentlemen, Arsène s'élança le premier, pour atterrir avec agilité en contrebas. Puis, il me fit signe de faire de même. Je n'avais vraiment aucun regret à quitter cet endroit lugubre, aussi me laissais-je glisser à mon tour, ayant toute confiance en mon partenaire pour qu'il ne me laisse pas malencontreusement choir.
Il semblerait que vous puissiez vous sortir de n'importe quelle situation ! Rares sont ceux qui ont réussit l'exploit de s'échapper des geôles de la Reine de cœur. Il faut dire aussi que rares sont ceux qui y ont séjourné, étant donné l'impatience avec laquelle cette dernière scinde les nuques, même les plus robustes. Quoiqu'il en soit, vous quittez les lieux sans remords, préférant vous glisser par l'issue résolument cachée sous le lierre et les ronces, aussi appelée la "Porte de la gravité". N'oubliez pas de remercier votre ami luminescent, s'il vous est donné l'occasion de le recroiser un jour. Il est toujours bon de faire fructifier les amitiés dans un royaume comme celui-là et peut-être aurez-vous encore besoin de son aide un jour prochain.
Empruntant cette porte salutaire, vous passez donc dans le monde d'en-dessous du sol. D'aucun diraient que c'est impossible et pourtant vous êtes les preuves (encore) vivantes que cet exploit est également réalisable ici. A première vue, tout vous semble parfaitement normal...au moins aussi normal que les choses peuvent l'être au Pays des Merveilles. Des haies de roses, encore, toujours. Et l'aube qui commençait à poindre, synonyme de votre exécution à la guillotine artisanale. Vraiment pas de quoi s'attarder près de la trappe, si vous voulez mon avis. Vous entamez donc ce nouveau chapitre de votre aventure d'une manière qui vous a tant manqué ces dernières heures : en marchant. Sur vos deux jambes et dans la bonne direction. Mais à peine avez-vous fait quelques pas, trop heureux de profiter de cette accalmie, que vous sentez vous genoux fléchir et vos pieds se décoller du sol. Maudissant ce Royaume, vous vous rendez compte que le monde autour de vous semble s'être renversé, le bas étant en haut et le haut étant en bas, Vous comprenez alors -à vos dépends- le sens de la porte que vous venez d'emprunter. La gravité, mais bien sûr...il ne manquait plus que ça. Vous êtes perplexes de devoir évoluer ainsi et vous vous accrochez aux haies pour ne pas tomber, enfin...voler...vers le bas. Vous avez compris. Peut-être vous prend-il l'idée de tout lâcher pour retourner chez vous comme vous en êtes partis ? C'est à vous de voir, mais il y a aussi un risque que l'on vous perdre à jamais et que vous finissiez par mourir de faim entre deux nuages pour servir d'entremet aux pigeons. Il est tout de même plus prudent de vous tenir...
Juste derrière vous, vous entendez un cri de rage, et vous devinez aisément à qui il appartient. C'est pourquoi vous vous empressez de revenir sur vos pas à la force des bras et de refermer la trappe de votre prison au nez et à la presque barbe de la Reine en personne ! Cliquetis rassurant, vous mettez la clef à l'abri dans l'une de vos poches mais au fond vous le savez, les ennuis arrivent. Et effectivement, vous entendez le tristement devenu habituel son de clairon qui cette fois, résonne dans tout le labyrinthe comme un véritable cor de chasse. ❝Par décret Royal, sera autorisée l'exécution immédiate des deux fugitifs ayant osé braver l'autorité de la Reine de cœur (louée soit-elle!) en se substituant au sort qui leur était destiné. Pourra prétendre à cette chasse à l'homme et à la femme, tout sujet, animal, créature, objet animé, habitant éphémère ou de longue date du Pays des Merveilles, la récompense étant fixée à 15.000 pièces d'or pour quiconque parviendra à les livrer à la Reine (louée soit-elle!). En vertu de l'alinéa 118.218-ter et conformément aux lois de ce Royaume, tout individu surpris à protéger, cacher ou permettre la cavale de ces deux individus verront leur tête sur les tourelles de sa Majesté.❞ L'écho se perdit une fraction de seconde plus tard, disséminant la nouvelle dans l'ensemble du domaine. On ne peut pas dire que vous faites les choses à moitié vous deux ! Avoir la Reine sur le dos n'était pas suffisant, il a fallu que vous aggraviez votre cas pour que chaque habitant de Wonderland ait maintenant une bonne raison de vous estropier !
Soudain, une lance fila droit sur vous, terminant sa course à quelques centimètres de l'oreille droite d'Arsène, dans un bouclier décoratif en cristal. Celui-ci explosa et notre gentlemen se tint la tête entre les mains, tant pour se protéger des bris que pour tenter de faire taire le bourdonnement qui s'en suivit. Vous ne devriez pas rester là, ainsi exposés et peut-être feriez-vous mieux de vous rapprocher du sol pour bénéficier de la protection visuelle des haies. Regina l'a bien compris et elle attrapa son compagnon par le bras, pour éviter qu'il ne s'envole avant de raser le sol de terre battue.
→ Pour ce jour 3, votre objectif commun sera de trouver un abri sûr dans ces Hunger-Games.
Arsène > Pour avoir tiré le dé du Tea-Party, ta mission sera de te débarrasser de ce bourdonnement qui prend la désagréable phonétique du "iiiii". Pour réussir, tu devras réaliser une jolie Assonance sur ce son (répétition dans un post de rp d'une même voyelle) durant au moins tout un paragraphe. Lorsque ceci sera fait, l'assonance laissera place à un second Rp, où tu devras inclure 3 métonymies (expression d'un concept au moyen d'un terme désignant un autre concept qui lui est uni par une relation commune). Pas de dé pour ce jour o/
Regina > Pour avoir tiré le dé du décret Royal, ta mission sera de guider ton partenaire, lui qui est momentanément sourd aux menaces qui vous entourent tout en veillant à ne pas le lâcher. Sur ton chemin pourtant, tu rencontreras deux adversaires que tu matérialiseras par deux dés distincts de "Bonus/Malus" et le résultat du tirage indiquera si vous parvenez à rester discrets et à les éviter, ou non.
La trappe était ouverte, unique chance de salut, que les deux compères prirent sans se faire prier. Comme tout bon gentleman et comme il l’avait surtout promis, il rattrapa Regina, la laissant prendre appuie sur ses épaules, ses mains accrochées à la taille de la brune le temps qu’elle retrouve pied avec le sol, pas plus. Difficile de dire où ils ont atterri mais ils doivent toujours être au cœur du labyrinthe puisqu’ils sont toujours entourés de haies et de rosiers. C’est donc le moment de fuir, l’aube arrivant vite, Arsène préférant de loin conserver sa tête. Aussi, après avoir jeté un œil au soleil presque levé, se permet-il d’avancer, jetant un regard entendu à sa complice.
- Et bien ma raison me dit cette fois que notre périple n’est pas encore fini. Mieux vaut ne pas traîner si les gardes arrivent je tiens pas à … mais que… quoi ?!
A peine a-t-il fait deux enjambées - certes grandes - que Lupin ne touche plus terre. Littéralement. Ses genoux et ses pieds décollent, l’obligeant à se raccrocher à quelques tiges grimpantes de lierre au milieu d’une haie. Le décor semble basculer de lui-même, laissant la sensation à Arsène de marcher sur la tête. Voilà que le haut est devenu bas et même s' il s’attendait à tout, il devait avouer qu’il n’avait pas imaginé ça. La liberté n’était pas encore tout à fait acquise, ce que vint confirmer un cri rageur depuis la trappe.
- Ah non, assez d’ennuis comme ça !
Revenant sur ses pas tout en gardant une main sur le lierre, Arsène perd patience une seconde et vient faire claquer la trappe au nez de la souveraine pour exprimer son mécontentement, s’assurant de verrouiller le passage à leurs opposants. Ils sont loin d’être saufs mais au moins ça soulage. Le temps de deux secondes avant que le clairon ne sonne et que l’alerte soit donnée. Et même si Arsène a déjà l’habitude d’être la cible d’une chasse à l'homme, ça ne lui fait pas plaisir du tout. Pressé de disparaître et de se fondre dans le décor, il vient attraper la main de Regina de sa seule libre pour l'entraîner, désireux de fuir au plus vite.
- Filons d’ici et cachons nous le temps de trouver un plan !
Il est malheureusement déjà trop tard, Arsène devant freiner des quatre fers en entendant le sifflement d’une lance qui ne passe pas loin de lui arracher l’oreille avant de pourfendre en plein cœur le bouclier de cristal auquel il se tenait accroché, l’obligeant à lâcher prise pour se protéger aussi bien le visage que les doigts, oubliant un instant que la gravité faisait des siennes
Comme je l'avais pressenti, ce n'était pas là son premier contact avec la Magie. Si je commençais à ériger quelques hypothèses concernant sa vie passée, il se contenta d'éluder la question et aucune ne fut ni confirmée, ni démentie.
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