“Tout a une voix, tout a une histoire. Et les récits inachevés se cachent partout.”
Les Mémoires d’Elizabeth Frankenstein



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Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur
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✤ Cora Miller ✤

  • 28 ans en apparence, mais beaucoup plus en réalité.
  • Propriétaire de la fumerie d’opium nommée « Aux offrandes brûlées »
  • « Rumplestilskin » des Frères Grimm et « Alice au Pays des Merveilles ».
  • Monde des rêves, anciennement, la Forêt enchantée.
  • Au refuge des forbans.
  • sextants.
  • dyn.
Petites précisions supplémentaires à savoir sur votre personnage et qui n'auraient pas trouvé leur place ci-dessus.

Physique & Caractère

Cora est une femme âgée de la fin de la vingtaine, au teint pâle et à la silhouette fine et proportionnellement dosée aux bons endroits. Elle est dotée de longs cheveux bruns avec des reflets cuivrés et d'une paire d'yeux couleur noisette. Cora possède de nombreux atouts, ce qu'elle a toujours essayé de mettre en avant. Elle est d'une grande beauté, ce qu'elle ne semble pas ignorer. Cora a toujours joué de ses charmes pour obtenir les faveurs des hommes. Une lueur brille sans cesse dans le fond de ses prunelles, un mélange de séduction et d'envie. Cora est une femme très envieuse, poursuivant sans cesse le but de gagner davantage de reconnaissance et de richesse. Elle était douée d'empathie dans sa jeunesse, avant d'être brisée à plusieurs reprises par la vie et par des personnes peu recommandables. Cora a appris à compter sur elle-même, envers et contre tout. C'est une femme prête à faire des sacrifices pour réaliser ses objectifs, tous plus mégalomaniaques les uns que les autres. Cora est une sorcière autoritaire qui apprécie plus que tout d'être complimentée ou admirée à sa juste valeur. Elle aime le pouvoir autant que la magie, d'autant plus qu'à ses yeux, l'un ne va pas sans l'autre. Cora est autant capable de froideur que d'amour. Elle est intraitable face à ses ennemis, peu concernée par leurs états d'âmes. La pitié ne marche jamais avec elle. Cora savoure avec sadisme leurs souffrances. Elle a la manie de vouloir couper la tête de toutes les personnes qui lui déplaisent. Il s'agit là d'une fâcheuse manie qui lui vient du Pays des Merveilles. Cora pense toujours savoir ce qui est bon pour les autres, souvent à leur détriment. Elle ne laisse que peu de place aux sentiments humains, bien qu'elle en soit capable. Cora est capable d'amour dans sa forme la plus pure, ce qu'elle évite le plus possible de ressentir, sans doute par crainte. L'amour peut être une faiblesse dans certains cas. Cora protège son cœur afin de ne plus jamais se faire berner ou blessée, comme ce fut le cas dans sa jeunesse. Rares sont les personnes qui sont parvenues à l'émouvoir. Malgré tous ses défauts, Cora est une femme avec des valeurs familiales profondément ancrées. Elle aime sa famille au point de se dévouer pour elle, quitte à y laisser sa vie ou sa magie.

Histoire

♡     Propos introductifs     ♡




Cora est née dans le monde des rêves. Cette version est sensiblement différente de la Cora que nous connaissons tous et toutes. Son enfance, ainsi que sa jeunesse restent identiques, bien qu’elle ait fait des choix radicalement différents une fois arrivée à l’âge adulte. Ce qui n’était au commencement qu’un simple murmure prononcé par le Ténébreux en personne lors de sa première visite dans le monde des rêves, en quête de réponses, mais surtout d’amour, se transforma en une nouvelle réalité pour son ennemie jurée. Cette version de Cora est apparue grâce à quelques mots échangés entre les deux anciens amants, dans le monde des rêves. Il n’y avait aucun ressentiment ou colère dans leurs cœurs, il ne restait que douceur et nostalgie. Cora ferma les yeux sur ses derniers mots. Des mots qu’elle lui avait déjà soufflé, indirectement, dans les bras de sa fille cadette, avant de pousser son dernier soupir. Tu m’aurais suffi. Cette vie m’aurait suffi. Elle avait cru jusqu’alors que la haine et le pouvoir devaient être ses seules raisons de vivre. Lorsqu’elle avait été confrontée à ce terrible choix, à l’aube de ses vingt-huit ans, Cora avait pris la mauvaise décision. Elle avait choisi le pouvoir, au lieu de choisir l’amour. Ce choix lui avait été si insupportable, qu’elle s’était elle-même arraché le cœur. Il avait longtemps cru qu’elle ne l’avait jamais aimé. Il n’avait jamais compris qu’elle se l’était arraché, non pas pour se moquer de lui, mais uniquement parce qu’il était sa faiblesse. Il était le seul homme qu’elle avait sincèrement aimé. Lorsqu’elle rouvrit ses beaux yeux noisette, son monde tout entier avait basculé dans une réalité alternative. En une fraction de seconde, une bonne partie de sa vie lui fut enlevée de sa mémoire. C’était comme si sa vie s’était interrompue le jour où elle fut confrontée à ce terrible dilemme. L’amour ou le sentiment de reconnaissance sociale. La passion ou le pouvoir. Rumpelstilskin ou le Prince Henry. La personne que Cora deviendrait à partir de ce moment précis constituerait un véritable tournant dans son existence, puisqu’elle ne serait plus une femme sans cœur. Ce n’est pas que l’amour qu’elle choisirait, ce serait aussi les ténèbres. Le monde des rêves lui donnait enfin une seconde chance de recommencer sa vie, afin de devenir la meilleure version d’elle-même, sans regrets ou remords. Cora se l’était promis, avant de défaillir dans les bras de sa fille, si les choses pouvaient être refaites, elle choisirait l’amour au lieu de la vengeance. Elle choisirait une vie de ténèbres et d’exclusion, si cela lui permettait d’accompagner la personne aimée dans ses noirs desseins. En faisant le choix de conserver son cœur dans sa poitrine, Cora a également accepté de se montrer vulnérable aux sentiments humains.

NB. L’histoire de Cora et de sa version alternative est commune jusqu’à sa rencontre avec Rumplestilskin.



Chapitre I : « The Miller’s daughter »   ϟ   Commun


Au fin fond de la Forêt enchantée, dans une maison en bois située près d’un étang gelé, une naissance très particulière avait lieu en ce terrible matin d’hiver. Une enfant bien spéciale avait ouvert les yeux pour la première fois. La fille d’une sorcière talentueuse et d’un simple meunier. Une enfant aux pouvoirs magiques encore insoupçonnés qui deviendrait une fois adulte, l’une des plus grandes sorcières de sa génération. Elle naquit dans un bain de sang, celui de sa propre mère, qui s’était malheureusement éteinte en poussant son dernier souffle de vie.
« Cora. Elle s’appellera Cora. »
Le vieux meunier tenait un bébé un peu grassouillet dans ses bras, faiblement ému par la vue de sa propre fille qui ne lui apportait que douleur et chagrin. Il avait choisi un prénom très approprié à la situation. Un prénom évoquant le bruit d’un grincement de porte, voilà tout ce qu’elle représentait pour son père. Cora lui avait pris l’amour de sa vie en venant au monde. Il était alors de circonstance qu’elle grandisse avec un prénom disgracieux.
La mort de sa mère a entraîné la descente aux Enfers de son père. La souffrance était telle qu’il devint un pauvre homme à moitié sourd et alcoolique notoire à ses heures perdues. Il n’a jamais aimé Cora comme un père se doit d’aimer sa fille. Il en était incapable. Elle ressemblait tellement à sa défunte épouse, au point de voir son propre reflet dans le fond de ses prunelles couleur noisette.
En grandissant, Cora a terriblement souffert de la rancune tenace de son père. Elle n’eut pas eu la vie de princesse qu’elle rêvait tant. Ce n’était qu’une pauvre paysanne, forcée de transporter de la paille jusqu’au château tous les matins dans l’espoir de récupérer quelques pièces d’or. Elle était chargée de subvenir aux besoins alimentaires de sa famille, composée d’elle-même et d’un père fainéant et alcoolique. La famille de Cora vivait de manière très rudimentaire, il n’y avait pas de place pour les petits plaisirs de la vie comme les beaux vêtements ou des bijoux et encore moins pour des activités distrayantes. Il lui arrivait de faire des heures supplémentaires comme serveuse dans la taverne du village, forcée de ne jamais compter son temps pour un bout de miche de pain ou un peu de viande faisandée et forcée de subir les remarques sexistes ou humiliantes des hommes.
Une fois adulte, Cora devint une très belle femme, pleine de charme, si bien qu’il lui arrivait d’être courtisée par les ivrognes ou les pirates de la région. Aucun de ces hommes ne possédait suffisamment de prestance pour charmer la jeune femme, jusqu’au jour où il apparût.
Jonathan. Il s’agissait d’un habitué de la taverne depuis une bonne semaine, en raison de la présence de la sulfureuse Cora. Elle n’avait jamais fait attention à lui, jusqu’à ce que le destin ne vienne y mettre son grain de sel. Alors que quelques clients la taquinaient, Jonathan intervint en sa faveur. Il la convia à prendre place face à lui, en parfait gentleman. Cora fit immédiatement fausse route à son sujet. La fille du meunier était persuadée que son interlocuteur était de sang royal, comme ce dernier semblait vouloir lui faire croire. En un rien de temps, Cora se laissa manipuler. Il devait partir tôt demain matin, mais avant son départ, il lui promit de l’épouser. Afin de sceller leur pacte, Jonathan lui fabriqua un anneau avec un peu de paille. Il lui assura qu’il reviendrait d’ici une quinzaine de jours avec un véritable anneau en or pour se faire pardonner. Cette nuit-là fut électrique et inoubliable, puisque la belle Cora perdit sa virginité dans ses bras. Malheureusement, cette fameuse nuit allait également causer sa perte. Les jours passèrent et le soi-disant Prince n’apparaissait toujours pas pour l’emmener au loin sur son destrier blanc. Cora se berçait de mensonges pour mieux dormir la nuit, persuadée qu’il était arrivé malheur à son beau prince. Parfois, elle se persuadait que leur rencontre n'avait jamais eu lieu, mais la forme de son ventre, de plus en plus ronde et bombée, trahissait les actes de cette fameuse nuit. Cora se sentait humiliée, contrainte de voir la réalité en face. Il l’avait baratinée. Il lui avait fait miroiter monts et merveilles, afin de profiter de son corps et de sa chaleur. Cora devait en avoir le cœur net. Elle le retrouva au château à la place qu’il méritait, c’est-à-dire au beau milieu des jardins, travaillant d’arrache-pied pour la famille royale. Jonathan se moqua de sa naïveté en la traitant de fille de joie. Il n’avait jamais eu l’intention de l’épouser, et encore moins de prendre ses responsabilités vis-à-vis de l’enfant à naître. Cora, le cœur brisé et humiliée, fut forcée de rentrer dans son village. Elle s’était confrontée à la noirceur de l’être humain par une simple mauvaise rencontre, mais le pire restait encore à venir, puisqu’elle aurait une seconde fois le cœur brisé à cause de la lâcheté humaine.

°°°


Cora eut deux chances de faire partie de la royauté durant son existence. La première fut la plus décisive, puisqu’elle aurait pu faire d’elle la prochaine Reine. Cora rencontra le prince Léopold dans les jardins du château, après avoir été éconduite par Jonathan. Alors qu’elle renonçait à tous ses rêves de grandeur et de richesse, il vint à sa rencontre dans le seul but de se rendre utile. Le prince Léopold était un homme bon et généreux. Il fut touché par les péripéties de la jeune Cora, bien qu’elle ait arrangé les faits à son avantage. Elle préféra se taire au sujet de sa grossesse ou de sa liaison avec un simple jardinier. Elle lui fit croire qu’un des hommes du palais l’avait agressée pour lui voler tous ses biens précieux. Le prince Léopold ressentit ce qu’il n’avait encore jamais éprouvé pour une autre femme, l’espoir d’avoir trouvé une femme digne d’aimer. La personnalité de la jeune Cora l’avait séduit, elle qui était si différente des femmes du palais. Il ne fallut que d’une seule promenade dans les bois et d’un feu de camp pour faire succomber le beau prince Léopold au charme de la fille du meunier. Alors qu’il était promis à la princesse Eva, la future mère de Blanche-Neige, le prince Léopold décida de rompre ses fiançailles pour épouser Cora. Il lui promit d’en faire sa future femme, quoi qu’il se passe. Le bonheur se lisait dans les yeux de la fille du meunier, fière d’avoir enfin pu changer sa vie en l’espace de quelques heures, avec un homme aussi bon et honnête que le prince Léopold. Cette joie cachait également un sentiment de profonde culpabilité, puisque Cora n’avait pas été aussi transparente que lui sur son passé. Cora aurait voulu lui dire la vérité, toute la vérité, mais cela risquerait de compromettre un avenir radieux. Cora commit en réalité sa première erreur. Peut-être que si elle lui avait avoué sa liaison avec Jonathan, ainsi que l’enfant à naître, le prince Léopold ne se serait pas montré aussi intransigeant par la suite. Cora ignorait encore que son cœur allait se heurter une seconde fois à la cruauté de l’être humain. Elle croyait enfin pouvoir sortir de la pauvreté en épousant le futur Roi du royaume, comme si tous ses ennuis allaient disparaître en un claquement de doigt. Les préparatifs du mariage approchaient à grand pas, Cora vivait au château, près de son fiancé. Tout semblait enfin lui sourire, malgré le douloureux secret qui était enfouit dans son ventre. Cependant, les choses ne se passèrent pas comme Cora l’aurait espéré.
Jonathan finit par avoir vent de la rumeur concernant les fiançailles de Cora et du prince Léopold. Il entreprit alors de la faire chanter, en odieux personnage qu’il était. Cora fut contrainte de céder à son piètre chantage. Elle lui promit des bijoux en échange de son silence. Or, cette conversation fut entendue par la princesse Eva qui se reposait dans les jardins à ce moment précis. Elle s’empressa de raconter tout ce qu’il s’était passé à Léopold afin d’évincer la fille du meunier du cœur du beau prince. La colère du fiancé fut foudroyante, à la hauteur de sa déception en découvrant que Cora n’était pas si différente de toutes les autres. Il s’était sincèrement épris d’elle, mais ne pouvait maintenir sa promesse de l’épouser maintenant que la confiance s’était brisée. Le prince Léopold lui avait pourtant donné une ultime chance de lui avouer la vérité en la surprenant à errer dans les couloirs du château en pleine nuit. Cora n’avait pas été capable de prendre le risque de tester l’amour du prince Léopold à son encontre. Elle était persuadée que s’il avait appris la vérité de sa bouche, il l’aurait rejetée, comme d’autres l’ont fait avant lui. Cora paiera cette erreur très chère, puisque le prince Léopold la congédia hors du château sans le moindre scrupule.

°°°


« Zelena. Pardonne-moi. »  chuchota la fille du meunier au bord des larmes, à un bébé enveloppé dans une épaisse couverture en laine de mouton. Un long ruban en soie de couleur vert émeraude recouvrait le nouveau-né. Cora avait cousu le prénom de l’enfant sur le revers du tissu brillant. Elle déposa un tendre baiser sur le bout du nez légèrement rebondi de Zelena, encore rougi par la fraîcheur du vent. Il gazouillait dans son panier d’osier, ignorant le danger qui le menaçait ou le fait que sa propre mère était sur le point de lui dire adieu. Zelena était à ce stade un petit être pur et innocent qui n’avait pas conscience de l’acte cruel de sa génitrice. L’enfant croyait avec naïveté que la femme qui le déposait dans les fougères serait toujours là pour veiller sur son bien-être.
« Zelena… » répéta-t-elle sur un ton désolé, entrecoupé de légers sanglots, avant de caresser une dernière fois le visage de sa petite fille.
Cora avait le cœur brisé à l’idée d’abandonner son premier enfant, une adorable fille aux yeux aussi brillants qu’un bijou étincelant de mille feux. Elle ne pouvait laisser partir cet enfant sans lui donner un prénom, ce qui serait la pire des abominations. Zelena n’avait jamais manqué d’amour, car Cora l’avait aimée dès les premiers instants de sa vie, avant de fermer son cœur à tout jamais. La paysanne se sentait obligée d’abandonner la chair de son sang, ce petit être innocent aux grands yeux rieurs. Ni Zelena ni Cora n’avaient mérité une vie faite d’humiliations et de sacrifices.
Cora avait eu une existence au service des plus riches, alors qu’elle aspirait à bien plus. Elle avait espéré durant toute sa jeunesse une vie de princesse. Ce rêve restait encore réalisable, à la condition de renoncer à son nouveau-né. Cora devait renoncer à son bien le plus précieux pour se donner toutes ses chances. Cora rêvait à une vie fantasmée pleine d’opportunités, qui lui offrirait bien plus que sa médiocre condition de fille de meunier. Zelena représentait un obstacle conséquent dans son ascension sociale. Elle n’avait pas d’autre but dans l’existence que d’assurer un avenir royal, fait de richesses et de reconnaissance sociale. Cora croyait savoir ce qui était bon pour elle. Le choix pris par Cora était purement égoïste. Le pire c’est qu’elle n’abandonnait pas son enfant pour lui donner toutes ses chances d’être heureux, mais seulement parce que celui-ci aurait bouleversé tous ses rêves de grandeur. L’enfant qu’elle avait porté pendant neuf mois n’était pas désiré, et pourtant, l’abandonner dans la forêt représentait un terrible déchirement. Jamais Cora ne se pardonnerait cet acte d’une extrême cruauté.  Cora ressentit beaucoup de peine en repensant à cette tragédie, quelques années plus tard, mais elle n’eut jamais de regrets. Elle savait pertinemment que si les choses étaient à refaire, Cora les auraient répétés exactement de la même manière. C’est ce que font les méchants, ils privilégient leur propre bonheur au détriment de celui des autres, ce qui les rend finalement encore plus malheureux.
Cora finit par tourner les talons, alors qu’un cyclone vert composé de nuage et de poussière ne vint emporter le panier du nouveau-né dans son dos. Zelena était partie, à tout jamais.


Chapitre II : « Love is weakness »   ϟ   Dérivé


Bien des années plus tard, la jeune Cora se retrouva pour la deuxième fois face à un choix crucial, celui d’épouser un membre de la famille royale. Elle rencontra le jeune prince Henry au cours d’une de ses énièmes visites dans la cour du château royal. Ce jour-là, la fille du meunier apportait des ballots de paille, afin de récupérer un peu d’or pour subvenir aux besoins alimentaires de sa famille. Elle fit la désagréable découverte d’une figure bien familière, parmi le groupe d’aristocrates qui se pressaient vers l’intérieur du château. Princesse Eva. Il s’agissait de la même peste qui avait brisé par le passé tous ses espoirs d’épouser le futur roi du royaume, le prince Léopold. Toutefois, Cora conservait un port altier, digne, et se refusait de commenter la présence de la jeune princesse. Une simple enfant, pourrie-gâtée et égoïste. Elle ne voulait pas se mettre hors d’elle, et pourtant, la princesse Eva provoqua sa fureur en la faisant trébucher devant les figures de la famille royale. L’humiliation était telle qu’on aurait dit que les pores de sa peau bouillonnaient de rage. Si des yeux avaient la capacité de brûler instantanément tout ce qu’ils voyaient, la princesse Eva serait morte carbonisée une bonne centaine de fois. Eva représentait l’archétype de la jeune aristocrate méprisante du petit peuple. Chose ironique, c’est que cette même princesse changerait radicalement une fois devenue adulte et mère de Blanche-Neige.
Le roi Xavier, père du prince Henry remit la pauvre paysanne à sa place lorsqu’elle voulut se rebeller, en lui faisant signifier sa condition médiocre. Cora n’oublierait jamais cet instant précis où elle fut forcée de présenter ses excuses à la princesse Eva. Elle nourrirait jusqu’à la fin de ses jours une haine viscérale envers certains membres de la famille royale. Cora n’était pas juste une simple fille de meunier, elle était bien plus. Du moins, elle aspirait à gagner un statut social de haut rang. Elle se jura à ce moment précis qu’elle mettrait tout en œuvre pour voir ces pauvres arrogants s’agenouiller devant sa puissance. Cora recherchait la notoriété, particulièrement un beau mariage dans les bras d’un prince ou d’un roi. Elle fréquentait les bons endroits en prétextant vouloir manger à sa faim et gratuitement. Elle se rendait à des réceptions guindées, en dérobant ici et là une belle robe ou un masque. Ses efforts finirent par payer, puisqu’elle se retrouva face au prince Henry quelques jours après l’altercation entre son père et elle. Le prince Henry avait quelque chose de différent des autres, il était juste et honnête. Il ne jugeait pas Cora par rapport à sa condition de fille de meunier, mais bien de femme à part entière. Ce qui n’était pas au goût du roi Xavier. Il voulut une seconde fois remettre la fille de meunier à sa place devant tout le monde, après qu’elle l’eut insulté en se vantant d’être capable de transformer la paille en or. Il s’agissait là d’un mensonge, ce que le roi Xavier avait pressenti. En s’engouffrant dans la faille, il emprisonna pendant une nuit entière la jeune Cora dans l’une des tours de son château. Cora avait pour mission de transformer de la paille en or, sous peine d’être condamnée à mort au petit matin.
Alors que la jeune femme avait perdu espoir au cours de la nuit, une apparition presque divine vint la sortir de sa torpeur. Rumplestilskin. Il était venu à son aide après avoir eu la prédiction que la fille de Cora lui permettrait de jeter le sort noir. Cora devait donc rester en vie. Rumplestilskin lui proposa de conclure un marché. Elle lui donnerait son premier enfant en échange d’une montagne de fils d’or. Toutefois, alors qu’il s’apprêtait à s’affairer à la tâche, Cora éveilla son intérêt en lui demandant de lui apprendre la magie. Les deux âmes tombèrent amoureux, presque en un battement de cil. Ils se ressemblaient bien plus qu’ils ne l’auraient cru. Liés par des souffrances similaires et motivés par une soif insatiable de vengeance, Rumplestilskin et Cora devinrent des amants. Une autre chose les liaient, c’était l’amour.
On se souviens tous du choix que Cora a fait, entre Rumplestilskin et le prince Henry. L’amour est une faiblesse, n’est-ce-pas ? Voilà des paroles qui poursuivirent la sorcière Cora jusqu’à la fin de ses jours dans le monde des vivants. Toutefois, elle est morte en étant persuadée du contraire. L’amour lui aurait suffi, pensait-elle en poussant son dernier souffle de vie. Ce fut alors comme si les Dieux avaient entendu ses prières, puisqu’elle fut ramenée à un moment précis de sa vie, considéré comme étant le plus décisif. La rencontre avec l’amour véritable de sa vie, Rumplestilskin. Le monde des rêves est un royaume bien étrange, doué de possibilités exceptionnelles, comme le fait de prendre un tout nouveau chemin. Lorsqu’un beau jour, Rumplestilskin s’est aventuré dans le monde des rêves en compagnie d’Emma en quête de retrouver Belle, il fit germer une nouvelle version de Cora. Cette version n’a pas pris la décision d’épouser le prince Henry. Elle n’a pas donné naissance à la future reine Regina. Bien au contraire, la sorcière s’est ravisée au dernier moment en capturant le cœur du roi Xavier dans la paume de ses mains. Elle se souvient très clairement le lui avoir arraché, puis broyé en un nuage de poussières devant son amant. Ces souvenirs n’ont jamais été réels dans le vrai monde, ils n’existent que dans le monde des rêves. Dans cette réalité, Cora a choisi l’amour véritable au lieu du pouvoir. Elle s’est imaginé qu’avoir du pouvoir ne signifiait pas nécessairement de régner sur un royaume, mais bien d’avoir la magie à ses côtés. Elle a fait le choix d’embrasser les ténèbres aux côtés de son plus digne représentant.
Lorsqu’elle fit le choix de suivre l’homme qu’elle aimait dans un monde de ténèbres et d’exclusion, ce fut également le plus beau de tous. L’amour n’est pas une faiblesse, contrairement à ce que le roi Xavier lui avait susurré en la confrontant à ce cruel dilemme. Cora se sentait capable d’avoir les deux : l’amour et le pouvoir. Elle ne pouvait parvenir à ce miracle que dans les bras du Ténébreux. Il était le seul homme qu’elle aimait et qu’elle aimerait jusqu’à la fin de ses jours. Il était sa faiblesse, la seule raison pour laquelle elle serait capable de s’arracher le cœur. Le temps a conforté son choix. Elle est fière d’avoir suivi Rumplestilskin. La vie passée aux côtés de son amant ténébreux lui apporta bien des plaisirs, mais surtout un enfant. Cette fois-ci, Cora ne manquerait pas à son devoir de mère. Elle ne l’abandonnerait pas comme elle a abandonné Zelena. Au fin fond de la Forêt enchantée, dans le château du Ténébreux, la belle sorcière mit au monde un beau petit garçon que le couple décida de prénommer « Hélios » en l’honneur du Dieu solaire. Le soleil évoque également la vie, comme ce que le destin leur a fait don après tant d’années de souffrances. Cet enfant représentait pour eux une nouvelle chance d’être de bons parents, ainsi que de bons amants. Une nouvelle vie s’offrait à eux. Rumplestilskin, Cora et Hélios formeraient une famille dans un tout autre monde, là où ils pourraient tout recommencer à zéro. Rumplestilskin offrit le choix de la destination à sa bien-aimée. Cora pensa immédiatement au Pays des Merveilles. Celui-ci serait bien différent du monde des vivants, puisqu’il serait fabriqué de toutes pièces par la puissante sorcière au sein du monde des rêves. Longue vie à la Reine Cora, furent ses dernières pensées avant de se volatiliser dans un nuage de fumée violette, loin de la Forêt enchantée du monde des rêves.


Chapitre III : « Queen of Hearts »   ϟ   Dérivé


« Attrapez-là ! » s’exclama la voix froide et aigüe de la Reine de cœur du Pays des Merveilles. Cora régnait sur un royaume qui s’étendait à perte de vue depuis des siècles. Elle était incapable de se souvenir du moment précis de son arrivée dans ce monde. Les journées devenaient depuis peu d’un mortel ennui. La Reine Cora commençait à trouver le temps long, bien qu’elle ne soit pas venue seule dans ce monde onirique. L’amour de sa vie, Rumple, se trouvait à ses côtés avec comme identité, celle du Roi de cœur. Les amants maudits étaient arrivés au Pays des Merveilles afin de fuir tout ce qui leur rappelait leurs échecs et souffrances passées. La Forêt enchantée ne leur inspirait plus rien de bien. Rumple l’avait invitée à choisir un royaume au hasard dans lequel ils pourraient s’établir à deux, et éventuellement, d’y régner ensemble. Elle avait alors imaginé un royaume à son image et figé dans le temps, afin qu’elle puisse conserver sa jeunesse et sa beauté fatale. Un royaume impénétrable, sauvage, magique, mais surtout imprévisible. Le Pays des Merveilles du monde des rêves est version différente de celui du monde des vivants, puisqu’il s’agit d’une création de l’esprit torturé de Cora. Il n’était pas censé se transformer en une maudite ritournelle, où les journées se succéderaient toutes sans aucune saveur. Jusqu’au jour où la petite Alice se fraya un chemin jusqu’à l’entrée du royaume. Elle n’était encore qu’une enfant lorsqu’on la présenta à la Reine de cœur. Une enfant innocente, pure et sincère dans chacune de ses intentions. Cora l’avait acceptée avec joie, lasse de constater qu’aucun de ses sujets ne vieillissait ou ne lui apportait le challenge dont elle avait besoin. Cora prit la petite sous son aile, la présentant à l’ensemble de la Cour, et lui proposa même de repeindre ses rosiers blanc immaculé en un rouge profond. Alice était un brin rebelle, puisque déjà toute petite, elle s’aventurait à faire des suggestions très avant-gardistes au sujet de la gestion du Pays des Merveilles. Ce qui n’était au départ qu’une simple idée saugrenue, se mit peu à peu à prendre des proportions gigantesques. Les habitants du Pays des Merveilles se sentaient de plus en plus attirés par le charisme de la petite Alice. Ils appréciaient ses idées qui appelaient à davantage de liberté. Or, la Reine Cora ne comptait pas rendre ses sujets libres. Ce monde, le Pays des Merveilles, était avant tout le sien. C’était elle qui l’avait fabriqué de toutes pièces par la simple force de la pensée. Comment une enfant pourrait-elle détruire tout ce qu’elle avait bâti ?
« Ne la laissez surtout pas s’échapper une nouvelle fois !  
Cora faillit ajouter un flot d’injures à sa requête, excédée par l’incompétence de ses gardes de cœur.
Ces hommes aux formes longilignes et à la cervelle de moineau ne réussissaient jamais à capturer qui que ce soit au Pays des Merveilles. Il arrivait que Cora s’en déleste de quelques-uns en broyant leurs cœurs vibrants dans ses mains.
La petite Alice s’enfuyait dans la forêt, à la barbe de la puissante Cora. La Reine fit volte-face, dos à son imposant balcon en pierre grise. Elle descendit les marches d’un pas rapide, alors que les lourds pans de sa robe en velours aussi rouge que le sang ramassait la moindre particule de poussière.
« Cette petite dinde m’a encore tournée en bourrique devant les jumeaux ! »
« J’ai tendance à croire que votre petit jeu du chat et de la souris te sera fatal, très chère. »
Une voix s’éleva dans la chambre, celle du Roi de cœur. Il était installé devant son rouet, en train de filer la paille en or.
« Tu ne m’aides pas, Rumple, mais tu verras. Tu seras bluffé par ma performance. Je parviendrais un jour à m’emparer de son cœur, et ce jour-là, tu me verras le broyer dans la paume de ma main. » dit-elle sans sourciller, convaincue de son effet théâtral. Elle eut pour simple réponse un rire amusé de la part de son mari. L’intéressé ne le lui avoua pas, mais sa capacité à voir l’avenir l’invitait à penser le contraire. Il avait déjà connaissance des véritables raisons qui mettaient Cora hors d’elle. Il voyait ce qu’elle était encore incapable de comprendre au sujet d’elle-même.

°°°


Cora ne comprit que bien plus tard que la seule raison pour laquelle Alice était encore en vie, c’est parce qu’elle représentait sa seule distraction depuis des lustres. Cette idée d’amusement cache en réalité beaucoup plus. Personne n’était arrivé au Pays des Merveilles depuis sa création par Cora, jusqu’à l’apparition d’Alice. La jeune anglaise avait trouvé le chemin vers le Pays des Merveilles dans ses rêves d’enfant. Cora se souvenait des premiers instants passés avec la petite Alice, comme s’ils s’étaient déroulés la veille. Il s’agissait de bons souvenirs qu’elle gardait précieusement dans un coin de sa mémoire. La première fois qu’Alice était arrivée au Pays des Merveilles, la Reine de cœur l’avait accueillie chaleureusement en la conviant à une « tea party ». Elle lui avait fait visiter le Pays des Merveilles de fond en comble, avant de lui proposer des activités comme peindre les rosiers blancs de ses jardins en rouge ou goûter de délicieuses tartes. Les fameuses tartes avaient d’ailleurs été le premier sujet de discorde entre la jeune enfant et la Reine de cœur. Cora se souvenait parfaitement de la raison qui l’avait poussée à se méfier de plus en plus de cette nouvelle arrivante. Un idiot de valet avait eu l’audace de piquer l’une de ces tartes, ce qui avait mis la Reine en colère. « Qu’on lui coupe la tête ! » avait-elle scandé à l’ensemble de sa Cour, avant d’avertir son digne époux, le Roi de cœur de l’outrage dont elle avait été victime devant une invitée. Alice s’était rebellée devant le Roi de cœur, Rumplestilskin, tant elle était choquée que l’on puisse condamner un homme à mort pour un prétexte aussi idiot. Depuis, elle n’avait cessé d’émettre des opinions contraires à celles du couple royal, particulièrement de la Reine de cœur. La susceptibilité de Cora avait été touchée à plusieurs reprises en plein cœur. Quoi de plus normal que la Reine réclame le cœur de sa rivale en dédommagement ? Plus les années passaient et plus Cora se languissait de ne pas parvenir à tuer Alice. La Reine avait tout essayé, mais Alice réussissait toujours à s’enfuir avec la complicité des habitants du royaume. Si les imprudents le payaient de leur tête, ce n’était malheureusement pas encore le cas de la jeune fille. Cora était partagée sur les sentiments qu’elle éprouvait à son égard. D’un côté, la ténacité d’Alice la remplissait de fierté. De l’autre, sa fâcheuse manie à mettre son grain de sel dans sa régence la mettait hors d’elle. Quoi qu’il en soit, un lien profond unissait les deux femmes. La petite grandissait à chacune de ses visites dans le Pays des Merveilles. Alice finit par devenir une belle jeune femme, une fois arrivée à l’âge adulte. Une beauté froide aux cheveux blonds, aussi fugace qu’une brise d’air frais. Cora continuait de se désespérer de subir les intrusions de la jeune anglaise sur son territoire, sans qu’elle ne puisse contrôler ses moindres faits et gestes. Le royaume tout entier méprisait la Reine de cœur, malgré cela, on lui restait fidèle par peur d’éventuelles représailles. Cora pestait à qui voulait l’entendre que le désamour de son peuple était dû aux calomnies de la jeune Alice. Ce n’était bien entendu pas le cas. La Reine de cœur terrifiait quiconque venait à croiser sa route, tout comme son tendre époux, autrefois nommé le Ténébreux dans la Forêt enchantée. Le couple royal avait quelque chose de terrifiant, mais également de magnétique pour chacun des habitants du Pays des Merveilles. Ils se complaisaient dans leur situation, appelant à la révolte lorsqu’Alice venait les trouver, mais se murant dans un silence religieux en son absence.
La Reine Cora attendait impatiemment chacune des visites de la petite anglaise, en espérant saisir enfin sa chance de faire un exemple d’autorité. En réalité, la sorcière avait déjà eu plusieurs occasions de mettre un terme à l’existence d’Alice. Cora était encore bien trop aveugle pour réaliser qu’elle était le seul et unique obstacle à l’accomplissement de son objectif. Un beau jour, le cœur de sa pire ennemie lui fut offert sur un plateau d’argent. Ce jour-là encore, la belle Cora se retrouva à la croisée des chemins. Un choix lui était offert, celui de savourer sa vengeance ou de pardonner les excentricités d’une enfant un peu trop attentionnée.
Le Roi de cœur l’attendait de pied ferme dans leurs appartements royaux. La chambre était la pièce maîtresse du château, elle était luxueuse et décorée avec soin dans un style proche de celui de la Renaissance.
« Ah ! Enfin ! Je t’attendais, ma douce. J’ai un cadeau pour toi. »
« Oh ! Rumple. Il ne fallait pas ! Qu’as-tu pour moi ? »
« Ouvre donc et tu sauras. »
Le sourire aux lèvres, il lui tendit un coffret en bois recouvert de dorures élégantes. Une petite fenêtre de forme ovale se trouvait au milieu du coffret. Cora ne réussit pas à deviner son contenu, parce que la fenêtre était parcourue de barreaux, ce qui rendait toute tentative vaine. Lorsqu’elle ouvrit le coffret, elle y découvrit un cœur battant, enveloppé d’une vive lueur rougeâtre. Il était bien dessiné, dépourvu de la moindre parcelle de noirceur, aussi pur qu’un diamant.
« A qui appartient ce cœur, Rumple ? »
On devinait un élan d’impatience chez la Reine de cœur. Le timbre de sa voix tremblait légèrement à l’idée que ce cœur puisse être celui de la petite Alice. Elle avait attendu ce moment depuis presque vingt ans, et pourtant, quelque chose l’empêchait de s’en réjouir. Cora priait intérieurement pour que ce ne soit pas le cœur de son ennemie. Cela impliquerait nécessairement qu’elle doive mettre sa sanction à exécution. Elle croyait être capable de le faire, mais Alice représentait bien plus qu’un simple caillou sur sa route. La jeune anglaise était comme une étincelle dans une vie monotone, routinière et sans saveur. Elle avait donné à Cora une raison d’inventer mille stratagèmes pour la piéger.
« Non…Je…suis profondément touchée par l’effort que cela a dû représenter, mais je ne me sens pas d’humeur à broyer des cœurs. »
« Je crains de ne pas comprendre, très chère… »
Le Roi de cœur cligna un nombre incalculable de fois les yeux, étonné par l’attitude de son épouse. Il n’aurait jamais pu soupçonner une seule seconde qu’elle se soit attachée à son ennemie jurée. « Serais-tu…affectée par le sort de cette petite ? »
« Non ! Bien sûr que non ! » rétorqua-t-elle en se levant d’un bond, avant de se mettre à faire les cent pas dans la pièce. Cora s’était emportée, comme s’il l’avait insultée ou giflée. Elle s’en voulait terriblement de réagir ainsi devant son amant. Il n’avait rien fait de mal. Il avait juste voulu lui faire plaisir. Tout ce qu’il voulait, c’était de la voir enfin sourire. Le Roi n’était pas dupe. Il se rendait bien compte que son épouse s’ennuyait depuis des années entre les quatre murs de leur château. Elle avait besoin d’une nouvelle étincelle dans sa vie.
« J’ai passé une journée épuisante, s’il te plait, laisse-moi m’assoupir encore quelques instants avant de décider de son sort. »
« Menteuse ! » s’insurgea-t-il en claquant brutalement le boitier du coffret. « Je t’apporte ce que tu convoites tant et tu n’en veux plus ? Tu sais ce que cela m’a coûté ? Mensonges ! Tu ne me dis pas la vérité. Pourquoi ? » Après tous les efforts qu’il avait fournis pour combler son cœur, voilà qu’elle les rejetait. Elle n’avait cessé de se languir dans l’attente de cet instant, au point qu’elle n’y croyait déjà plus. Il avait cru devenir complètement fou, au beau milieu d’une relation chaotique entre sa femme et Alice. « Qu’est-ce qui a changé ? »
« Je crois…avoir juste besoin d’une amie. » avoua la belle Cora en se mordant la lèvre jusqu’au sang, entre deux mots. Cet aveu lui en coûtait beaucoup, puisqu’il la montrait nue devant son mari.
« Mais, c’est ce que je suis, ma douce. Je suis ton ami, voire même, ton meilleur ami ! » s’esclaffa le Ténébreux, en jouant avec ses mains comme un pantin de bois. Un réflexe qu’il avait l’habitude de faire lorsqu’il était question d’apporter un trait d’humour à une situation dramatique.
« Non, Rumple. C’est autre chose, dont j’ai besoin…D’une présence féminine, une personne qui me confierait sa vie et qui connaîtrait absolument tout de la mienne. Je me sens si seule. Je croyais que le Pays des Merveilles serait notre nouvelle chance, ce qu’il est avant toute chose. Je suis profondément heureuse d’être à tes côtés, mais à quoi bon avoir une place dans la société et un amour éternel, si je n’ai personne à qui confier mon bonheur ? »
C’est en levant les yeux vers son Roi, qu’elle s’aperçut de la maladresse de ses paroles. Il s’était fermé comme une huître. Elle l’avait vexé.
« Je comprends que… » dit-il d’une voix lente et monotone. Non, il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas pourquoi cela ne lui suffisait pas. Elle avait dit que leur amour lui suffirait. Alors, pourquoi ? « …tes sentiments aient pu fluctués avec le temps. » souffla-t-il d’une seule traite en ponctuant certains mots d’une petite exclamation bien amère.
« Non. Non ! Rumple, non. » s’énerva-t-elle enfin, avant d’empoigner le bras de son mari. « Non. » répéta la sulfureuse Reine, les yeux dans les yeux. Il devait lire ce qu’il y avait au fond de ses prunelles. S’il s’y attardait, il découvrirait de la dévotion, ainsi qu’une infinie tendresse. Le sentiment amoureux qu’elle éprouvait pour lui n’avait jamais été aussi fort que maintenant. Cora approcha son visage de celui du Roi, prête à l’embrasser jusqu’à ce que la mort ne les sépare. Elle caressa sa joue recouverte d’écailles et de poussière d’or avec délicatesse, comme s’il s’agissait d’une pièce rare en porcelaine. « Jamais… »
« Je sais… » murmura-t-il à quelques millimètres de ses lèvres colorées en rouge, jusqu’à sentir son souffle sur sa peau. « Je n’en ai jamais douté, chère Cora. »
« Mais alors, pourquoi… »
Rumplestilskin eut un léger rire, amusé par la situation. Il adorait la voir sortir de ses gonds. Il s’agissait de son petit plaisir de la journée. Le Ténébreux avait surtout besoin d’être rassuré sur la profondeur des sentiments de Cora.
« Pour cela. »
Sans lui laisser le temps de répondre ou même de froncer un sourcil, le Roi de cœur scella ses dernières paroles d’un baiser d’amour véritable. Il lui sembla que leurs embrassades durèrent une éternité. Cora se résigna à contre cœur de s’écarter de lui, avant que cela n’aille trop loin. Ils avaient des choses plus difficiles à régler avant de pouvoir profiter l’un de l’autre.
« Rends-le-lui. » dit-elle en désignant d’un simple regard le cœur d’Alice, caché dans ce petit coffret luxueux. « S’il-te-plait. »
« Je ferais ce que tu voudras, ma Reine de cœur. »
En s’échangeant le précieux coffret, leurs doigts s’effleurèrent un bref instant.
« Je peux lui rendre son cœur, mais je ne peux pas la faire partir définitivement du Pays des Merveilles. Tu l’as créé par le fruit de tes désirs les plus noirs et les plus beaux à la fois. Je ne peux pas le faire à ta place. La pénible tâche de la bannir dans un autre royaume te reviens, très chère… »
°°°


La salle du trône était bondée en cette chaude matinée d’automne. Les habitants du Pays des Merveilles avaient été rassemblés dans la pièce, contraints par des cordes en velours de se tenir à distance des deux trônes du couple royal. Alice allait être jugée devant ceux qui l’avaient soutenue, que ce soit en l’aidant à s’échapper ou en diffusant de bonnes paroles à son encontre. La Reine de cœur se tenait fièrement sur son trône, un sceptre en or surmonté d’un élégant cœur rougeoyant dans la main, tandis que l’autre jouait avec l’une des mèches bouclées de sa chevelure d’ébène. Le Roi de cœur était présent à ses côtés, las des procès interminables de son royaume.
« Très chère Alice, te voilà parmi nous pour répondre de tes actes. » commença le valet de cœur, un parchemin aussi long qu’un bras entre les mains. Il commença à donner une liste exhaustive des infractions que l’on reprochait à la jeune Alice. La prisonnière aurait bien voulu dire quelque chose, mais un sortilège l’avait rendue momentanément muette, afin d’éviter toute tentative d’émeute en plein conseil.
« Suffit ! »
La voix de la Reine de cœur s’éleva dans la salle. Elle claquait froidement comme la grêle sur le verre d’une fenêtre en plein mois d’hiver. Cora grondait son peuple avec la dignité d’une grande Reine. Sa Majesté était fatiguée d’entendre la voix du valet de cœur. Elle souhaitait que ce procès ne s’éternise pas plus longtemps. La situation était beaucoup trop pénible pour Cora.
« Alice. Tu seras bannie de notre pays à tout jamais. Tu ne pourras plus jamais y mettre un pied, cela afin d’expier tes fautes. Tu as eu l’occasion de corriger tes erreurs, mais tu as préférée trahir notre confiance. Je suis navrée, mais ta liberté doit être retrouvée. Le Pays des Merveilles n’est pas un monde pour une enfant non douée de magie. »
Le regard d’Alice était rivé sur celui de la Reine de cœur. On pouvait y lire un mélange de déception, de colère et de tristesse. Toutes ces émotions blessèrent Cora, mais les dés étaient jetés sans possibilité de retour en arrière. La Reine de cœur se s’était sentie incapable de broyer le cœur de la petite Alice, et encore moins de le lui rendre en personne. Elle avait missionné le Roi de cœur pour cet acte de rare bonté. L’idée qu’Alice puisse être témoin de la sensibilité de Cora n’était pas acceptable pour cette dernière. Cela aurait été un acte de faiblesse de sa part. Alice ne l’aurait pas compris, tout comme Cora ne comprend toujours pas elle-même ce qui la trouble autant chez la jeune femme de dix-sept ans.
« J’ai décidé d’épargner ta vie, en ne broyant pas ton cœur, afin que tu apprennes de tes erreurs. Tu ne retourneras pas chez toi, car cela serait bien trop simple. »
Cora disposait du droit d’accueillir ou de bannir un étranger de son royaume, sans pour autant connaître le nom de sa prochaine destination. Elle était juste consciente d’une chose, c’est qu’en bannissant Alice dans un nouveau monde magique, les perspectives de rentrer dans son Angleterre victorienne natale disparaissaient. Cora considérait cela comme faisant partie de sa punition. Elle ne pouvait pas cautionner son attitude, trop dangereuse pour qu’elle puisse continuer à revenir au Pays des Merveilles. Le monde non magique d’Alice lui permettait de visiter le sien durant ses rêves. Afin de l’empêcher de revenir, Cora considéra alors qu’il fallait l’envoyer dans un autre monde. Personne ne le savait encore, à l’exception de Rumplestilskin, mais la Reine de cœur souhaitait bannir Alice de son monde pour se protéger. Ses agissements n’étaient pas uniquement fondés sur la politique de son royaume. Elle s’était beaucoup trop attachée à cette enfant. Cora se retrouvait prise au piège dans une sorte de dualité affective, d’un côté, elle tenait sincèrement à Alice, mais de l’autre, Alice risquait de causer sa perte en détruisant tout ce qu’elle avait construit au Pays des Merveilles. Il ne lui restait plus qu’à bannir Alice de son royaume, quitte à ce que cela lui brise le cœur. Pourtant, Cora n’a pas choisi de la bannir dans son propre monde pour une raison très précise. En effet, elle ne disposait à ce moment d’aucun moyen de voyager dans un monde sans magie, alors le fait d’envoyer Alice dans un monde magique lui permettrait de la retrouver dans un futur plus ou moins lointain.
« Les habitants du Pays des Merveilles te font leurs adieux. »
Cora prononça ces derniers mots avec difficulté. Elle avait la gorge nouée, pour une raison encore inexplicable. Elle avait toujours détesté les adieux. Cora se sentait sur le point de changer d’avis d’un instant à l’autre, à mesure qu’elle se rendait peu à peu compte de l’affection ressentie pour la jeune anglaise. D’un simple mouvement de la main, Cora balaya l’ensemble de la salle. Ce geste fit apparaître un tourbillon violacé autour d’Alice, ce qui la transporterait hors du Pays des Merveilles en un battement de cil.
« Je te rends ta liberté, petite Alice. »
Ce que l’intéressée n’eut pas l’occasion d’apercevoir avant de disparaître dans un cri de stupeur, c’est la larme qui roula le long de la joue de la Reine de cœur.
Lorsque l’épais brouillard violacé commença à s’évaporer, Alice n’était plus là.

(LA SUITE AU PROCHAIN POST)

Qui se cache Derrière l'écran
En réalité je m'appelle : KUMQUAT et j'ai 28 ans. J'ai découvert Untold Stories via PRD et si j'avais un dernière chose à dire avant de commencer, ce serait : merci à vous de m'accueillir parmi vous !  Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  1680802283
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Jeu 11 Mar - 20:53
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✤ Cora Miller ✤

  • 28 ans en apparence, mais beaucoup plus en réalité.
  • Propriétaire de la fumerie d’opium nommée « Aux offrandes brûlées »
  • « Rumplestilskin » des Frères Grimm et « Alice au Pays des Merveilles ».
  • Monde des rêves, anciennement, la Forêt enchantée.
  • Au refuge des forbans.
  • sextants.
  • dyn.
Petites précisions supplémentaires à savoir sur votre personnage et qui n'auraient pas trouvé leur place ci-dessus.

Physique & Caractère

Cora est une femme âgée de la fin de la vingtaine, au teint pâle et à la silhouette fine et proportionnellement dosée aux bons endroits. Elle est dotée de longs cheveux bruns et d'une paire d'yeux couleur noisette. Cora possède de nombreux atouts, ce qu'elle a toujours essayé de mettre en avant. Elle est d'une grande beauté, ce qu'elle ne semble pas ignorer. Cora a toujours joué de ses charmes pour obtenir les faveurs des hommes. Une lueur brille sans cesse dans le fond de ses prunelles, un mélange de séduction et d'envie. Cora est une femme très envieuse, poursuivant sans cesse le but de gagner davantage de reconnaissance et de richesse. Elle était douée d'empathie dans sa jeunesse, avant d'être brisée à plusieurs reprises par la vie et par des personnes peu recommandables. Cora a appris à compter sur elle-même, envers et contre tout. C'est une femme prête à faire des sacrifices pour réaliser ses objectifs, tous plus mégalomaniaques les uns que les autres. Cora est une sorcière autoritaire qui apprécie plus que tout d'être complimentée ou admirée à sa juste valeur. Elle aime le pouvoir autant que la magie, d'autant plus qu'à ses yeux, l'un ne va pas sans l'autre. Cora est autant capable de froideur que d'amour. Elle est intraitable face à ses ennemis, peu concernée par leurs états d'âmes. La pitié ne marche jamais avec elle. Cora savoure avec sadisme leurs souffrances. Elle a la manie de vouloir couper la tête de toutes les personnes qui lui déplaisent. Il s'agit là d'une fâcheuse manie qui lui vient du Pays des Merveilles. Cora pense toujours savoir ce qui est bon pour les autres, souvent à leur détriment. Elle ne laisse que peu de place aux sentiments humains, bien qu'elle en soit capable. Cora est capable d'amour dans sa forme la plus pure, ce qu'elle évite le plus possible de ressentir, sans doute par crainte. L'amour peut être une faiblesse dans certains cas. Cora protège son cœur afin de ne plus jamais se faire berner ou blessée, comme ce fut le cas dans sa jeunesse. Rares sont les personnes qui sont parvenues à l'émouvoir. Malgré tous ses défauts, Cora est une femme avec des valeurs familiales profondément ancrées. Elle aime sa famille au point de se dévouer pour elle, quitte à y laisser sa vie ou sa magie.

Histoire


(SUITE)


Chapitre IV : « A poison named Cora »   ϟ   Dérivé


Quelques temps plus tard, au Pays des Merveilles.

« Quelque chose te tracasse, ma chère Cora ? »
La Reine de cœur mit quelques secondes avant de comprendre que son royal époux s’était adressé à elle.
« Oh, non. Non, rien de très intéressant. » répondit-elle sur un ton évasif, en cherchant à fuir le sujet de discussion.
Il se contenta d’un simple sourire en coin, peu convaincu par ce que lui disait Cora. Le Roi avait conscience qu’il ne s’agissait que d’excuses qui masquaient un vide dans son cœur. Rumplestilskin s’approcha d’elle par derrière à pas de loup, avant de l’attraper par la taille pour la ramener contre lui.
« Laisse-moi deviner… Tu trouves le temps long dans notre somptueux royaume et tu t’ennuies de la petite effrontée qui te servait de rivale. »
Cora se sentait horrifiée par les propos de son mari, mais il avait raison, elle regrettait la petite Alice. Elle ignorait comment il arrivait à toujours viser juste, mais il ne se trompait jamais. Rumple la connaissait mieux que quiconque, ce qui l’émouvait au plus haut point.
La Reine de cœur croyait que le fait d’éloigner sa rivale du Pays des Merveilles la soulagerait enfin ou la rendrait heureuse, mais force est de constater qu’elle se sentait dépérir à vue d’œil. Alice avait été son challenge, la seule raison qui la poussait à croire qu’un jour enfin, quelque chose d’amusant se passerait au Pays des Merveilles. Depuis qu’elle était partie, la vie monotone du royaume avait repris son cours. Le temps était comme figé au Pays des Merveilles, ce qui empêchait ses habitants de prendre une seule ride. Dans le cœur de la Reine, quelque chose s’était figé à son tour après le départ de la petite Alice.
« Votre relation est plutôt…extatique, chérie. Je dirais qu’elle a parfois tendance à me taper sur les nerfs. Tu la détestes, mais tu l’aimes aussi, n’est-ce pas déconcertant ? Il arrivera un moment où tu devras te décider sur ce que tu ressens réellement pour ton ennemie… » Cora ouvrit la bouche pour protester, mais fut interrompue par un doigt sur ses lèvres. « …mais le bien-être de ma Reine m’importe bien plus que ses sautes d’humeur. » termina le Roi de cœur en penchant légèrement sa tête vers sa nuque pour y déposer un chaste baiser.
« Rumple. » Gronda-t-elle en tournant lentement sa tête en direction de son Roi. Elle pouvait sentir son souffle chaud lui chatouiller les oreilles. « Merci. »
Ils s’échangèrent un sourire complice, comme si les mots auraient été en trop.
« Malheureusement… »
« Quoi donc, ma douce ? »
« Ce qui est fait est fait. »
Le ton était tragique mais ferme. Cora ne pouvait plus revenir en arrière.
« Sache qu’il n’est jamais trop tard pour rompre un sortilège, mais n’oublie pas que la magie a toujours un prix. »
La Reine de cœur soupira de désespoir, contrainte d’admettre qu’une enfant représentait la cause de tous ses tourments.
« Je ne comprends pas pourquoi l’amour ne me suffit pas. »
« Parce que l’amour te suffit, chère Cora, le mien, en l’occurrence. Mais… Il existe plusieurs sortes d’amour, celui qui te tourmente s’exprime sous une forme que tu découvres pour la première fois. »
« Quelle est donc cette forme, Rumple ? »
« L’amitié. » dit-il en poussant un petit rire amusé. « Ne sous-estime pas le pouvoir de l’amitié, qui peut être aussi puissant que celui de l’amour véritable ! »
Rumplestilskin avait encore une fois raison. Il avait cerné les dessous de la personnalité de Cora avant même que cette dernière ne s’en rende compte. La petite Alice n’était pas son ennemie jurée. Cette dénomination n’était qu’un leurre, un moyen idiot de brider les élans de son cœur. Si la Reine avait prise Alice comme protégée, c’est parce qu’elle se reconnaissait en elle à son âge, aventureuse et pleine d’espoir. Ce n’était qu’une enfant qui aspirait à un idéal de justice et d’équité. Alice était devenue peu à peu la seule personne du Pays des Merveilles à lui accorder un semblant d’affection, en-dehors de l’amour de son mari. La Reine de cœur avait bannie Alice dans un monde pourvu de magie, afin que dans un moment de faiblesse, elle puisse revenir sur sa décision. Ce moment fatidique était arrivé plus tôt que Cora ne l’aurait cru.
« Je déteste lorsque tu as raison. »
« Voyons, très chère, tu m’aimes beaucoup trop pour me détester. »
« Plus séduisant que jamais… » souffla-t-elle au bord de ses lèvres.


°°°


La discussion avec Rumple avait fait son chemin dans l’esprit tourmenté de la Reine de cœur. Elle avait compris une chose, c’est qu’elle tenait énormément à la petite Alice. Cora ne s’était encore jamais liée d’amitié avec qui que ce soit. Elle avait essuyé de nombreuses déconvenues dans ses histoires sentimentales, jusqu’à sa rencontre avec le Ténébreux. Quant à l’amitié, aucune femme ne s’était montrée suffisamment acharnée pour comprendre la personnalité complexe de Cora. Alors qu’Alice persistait à se rendre au Pays des Merveilles, malgré tout ce que Cora lui réservait à chacune de ses visites. Jamais Cora ne l’avouerait à voix haute, mais elle avait pressenti cet attachement naissant. Cora avait aimé la curiosité fascinante de la petite Alice, ainsi que de la façon dont elle absorbait les émotions des autres à la manière d’une éponge. Une vraie boule d’empathie. Cora avait longtemps souffert dans sa jeunesse, on l’avait maintes fois bercée d’illusions avant de la rejeter. Elle avait érigé des murs entre elle et les autres, par peur de souffrir une nouvelle fois en se livrant corps et âme. Rumple avait été la seule personne qui avait vu la véritable Cora. Par amour, l’ancienne fille du meunier avait détruit les murs qui protégeaient son cœur. Elle avait confiance en lui. S’il estimait que partir du Pays des Merveilles était l’unique solution pour combler les élans amicaux de son cœur, Cora comptait bien l’écouter. Le choix n’était pas facile, car l’idée de renoncer à son monde pour partir dans un pays lointain lui faisait peur. Cora ignorait si elle parviendrait à se hisser dans une classe sociale dominante. Rien ne serait simple, car il ne s’agirait plus du monde des rêves, mais bien de la réalité. Une réalité vieillissante et terrifiante. Si Rumple restait à ses côtés, rien de mal ne pourrait leur arriver. Seulement, le prix à payer pour quitter le monde des rêves était celui du bien le plus précieux. Le bien le plus précieux de Cora était son monde. Quant à celui de son mari, il s’agissait de ses pouvoirs de Ténébreux.
Cora faisait les cent pas dans la salle du trône, en pesant le pour et le contre une bonne centaine de fois. Et si Rumple refusait de renoncer à son bien le plus précieux par amour pour la suivre au-delà du monde des rêves ? Mais surtout, que faire du fruit de leur amour ? Il était encore si jeune, endormi dans son berceau depuis plus de vingt ans. Cora n’avait jamais voulu rompre le sortilège qui plongeait le Pays des Merveilles dans un royaume figé dans le temps. L’enfant n’avait alors jamais pu grandir. Rumple et Cora avaient pu veiller sur ce petit être innocent pendant deux décennies en savourant ces instants précieux comme s’ils s’agissaient des derniers. D’une certaine façon, cela leur permettait de se rattraper des années passées loin de leurs enfants respectifs. Rumple avait été forcé d’abandonner Baelfire lorsqu’il était un petit garçon. Cora avait abandonné Zelena alors qu’elle n’était encore qu’un nouveau-né. Hélios représentait leur seconde chance d’être de bons parents. Cora avait conscience du sacrifice qui se présentait une nouvelle fois à elle. Elle devait passer la gouvernance du Pays des Merveilles à leur enfant, une fois grand. Pour cela, la Reine de cœur était forcée de rompre son sortilège. Hélios devait enfin grandir. Il ne pouvait rester indéfiniment sous cette forme, cela serait bien trop cruel et égoïste. Il s’agissait également du choix de son époux. Pour une raison que la Reine ignorait encore, Rumple semblait certain que leur fils deviendrait un bon Roi pour le Pays des Merveilles en leur absence.
Rumplestilskin, l’amour de sa vie, l’avait prévenue pourtant. La magie a toujours un prix. En l’occurrence, le prix à payer pour retrouver sa seule et unique amie dans un autre monde concernait le Pays des Merveilles. Cora aurait tant voulu qu’il puisse exister un autre moyen, car l’idée d’abandonner tout ce qu’elle avait construit dans le monde des rêves lui était insoutenable. Pourtant la vie au Pays des Merveilles n’avait plus rien d’amusant. Elle avait perdu son attrait, celui de la nouveauté, en tombant dans une ritournelle agaçante. Cora n’en pouvait plus de rester coincée dans un royaume qui ne lui offrait plus de challenge, plus d’ennemi à combattre ou d’amitié à construire. La petite Alice avait révélé une faille dans la carapace de la Reine de cœur. Elle avait fait germer en Cora l’envie d’avoir une amie proche. Au final, c’est ce qu’Alice était aux yeux de la puissante sorcière. Cora ignorait tout bonnement comment lui exprimer son affection. Après tout, quelle drôle d’idée ce serait que le peuple réalise enfin que la Reine de cœur possédait un cœur.
« Deviens grand, mon beau Valet de cœur. » chuchota Cora à l’oreille de son nouveau-né. Hélios avait l’air de comprendre sa mère. Il l’observait avec de grands yeux, tel un amoureux transi. Cora ressentait de l’impatience dans les prunelles de son enfant. Hélios mourrait d’envie de grandir pour vivre enfin son existence, près de son peuple, en la qualité de prince héritier du Pays des Merveilles.
D’un simple baiser véritable, une décharge magique s’échappa des lèvres pulpeuses de la Reine de cœur pour enchanter le corps du petit être.
Rumplestilskin se trouvait près du berceau, une main autour de la taille de son épouse. Il n’aurait raté ce moment unique pour rien au monde. Il s’agissait du moment où leur fils leur apparaîtrait pour la première fois en jeune homme.
Hélios fut enveloppé dans un nuage éclatant de nuances dorées, grossissant à vue d’œil, sous les yeux ébahis de ses parents. En un battement de cil, le nouveau-né se transforma en un beau jeune homme, héritier de la beauté de sa mère et de l’intelligence de son père.
« Mon fils… » murmura le Roi de cœur avec fierté, une larme au coin de l’œil. Il restait digne, à la fois par pudeur et par crainte d’être rejeté par sa chair et son sang. Rumple se sentait obnubilé par une seule chose, c’était de serrer son fils très fort dans ses bras.
« Père… »
Hélios hésitait à contenir le flot d’émotions qui le submergeait. Il avait gardé le souvenir de ses parents qui veillaient sur lui pendant plus de vingt ans, alors qu’il était encore un simple nourrisson. Son corps n’avait peut-être pas évolué, mais son esprit l’avait fait. Le prince observa longuement son géniteur avec admiration, avant de se tourner vers sa mère. La vue de Cora le frappa en plein cœur, tant par sa beauté que par l’aura qu’elle dégageait. Une forme de sérénité, mêlée à une certaine timidité. Hélios ressentait un véritable apaisement à l’idée de serrer dans ses bras ceux qui l’avaient mis au monde. Ils l’avaient préservé du danger et du mal en le couvant pendant toutes ces années. Hélios se sentait reconnaissant.
« Mère… »
Hélios fut secoué de faibles tremblements, et comme l’émotion était bien trop forte pour être contenue, il se précipita dans les bras de ses parents.
« Je suis si heureux de vous retrouver. »
« Nous te retrouvons dans de terribles circonstances, mon fils, mais nous avons foi en toi. »
« Le monde que ta mère a construit est désormais sous ta responsabilité pendant quelques temps… Nous partons en voyage. »
« Je sais. Je vous écoutais avec attention pendant toutes ces années… Je ne vous décevrais pas. »
« Nous nous retrouverons. »
« Tu nous retrouveras, mon fils, en cas de difficultés. J’ai foi en toi. Je prie pour que tu n’en aies jamais besoin, mais si jamais quelque chose devait arriver au Pays des Merveilles en notre absence, nous nous retrouverons plus vite que prévu. » souffla le Roi de cœur en sortant de l’une de ses poches, une mystérieuse petite clé dorée. « Cette clé te permettra de nous avertir d’un grand danger. »


°°°


Le prix à payer pour quitter le monde des rêves par un acte d’une extrême bonté ne l’avait pas laissée indemne. La sorcière avait dû renoncer à ce pourquoi elle s’était battue pendant des siècles au Pays des Merveilles. Cora avait renoncé à sa position sociale en laissant son royaume tout entier derrière elle. Cora se nourrissait depuis des années de la lâcheté et de la peur des habitants du Pays des Merveilles. Elle avait laissé le royaume aux mains de son fils, Hélios, après l’avoir fait grandir en rompant son sortilège. Cora avait décelé en lui un potentiel inestimable. Il ferait un très bon gouvernant en l’absence de ses parents. La sorcière imaginait que ce voyage ne serait que temporaire, afin de ramener la petite Alice à la maison.
« Nous voilà dans un monde nouveau tous les deux, un monde rempli d’opportunités dont l’une d’entre elles est de régner ensemble, comme nous le faisions au Pays des Merveilles. » s’enthousiasma Rumplestilskin.
« J’espère qu’Hélios s’en sortira avec ces idiots du Pays des Merveilles. »
« Aies confiance en notre enfant. Nous le retrouverons, ou bien alors, c’est lui qui nous retrouvera. »
Cora sentait bien qu’il ne s’agissait pas de paroles en l’air. Il savait quelque chose qu’elle ignorait encore.
Désormais dans un monde inconnu, bien que pourvu de magie, plus rien ne serait comme avant. Elle n’était plus en terrain conquis, ayant troqué son habit de Reine sanguinaire pour celui de gérante d’une fumerie d’opium. Elle ferait fureur, cela va sans dire, mais ce n’était en rien une occupation qui déboucherait sur un titre de royauté ou de noblesse. L’arrivée dans le pays des contes inachevés avait quelque chose d’extraordinaire pour Cora. C’était un monde nouveau, plein de dangers et de plaisirs. Il s’agissait là d’une occasion de prendre le pouvoir, de quelque manière que ce soit, dans ce terrain de jeu encore vierge de leur noirceur. Ils avaient épuisé celle du Pays des Merveilles jusqu’à la moelle, ce qui l’avait rendu beaucoup moins attrayant qu’aux premiers jours. Celle que l’on nommait autrefois la Reine de cœur était prête à marquer ce nouveau pays d’une empreinte indélébile.
Qui se cache Derrière l'écran
En réalité je m'appelle : KUMQUAT et j'ai 28 ans. J'ai découvert Untold Stories via PRD et si j'avais un dernière chose à dire avant de commencer, ce serait : merci à vous de m'accueillir parmi vous !  Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  1680802283


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Re-bienvenuuue Mam's Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  1680802283 Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  1177518205 Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  871341514

*passe le balai rapidos*
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C'est validé : Bienvenue parmi nous !

C'est officiel, tu fais partie de l'aventure !  Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  28791390
Toutes mes félicitations pour ta validation. Maintenant, il ne te reste plus qu'à nous rejoindre pour de folles histoires. Cependant, il y a encore quelques petites tâches à accomplir avant de devenir un personnage de conte à part entière. Laisse-moi te guider...

Il s'agit d'aller faire valoir ta nouvelle identité nouvellement acquise et pour cela, il te faudra Recenser ton avatar ainsi que ton Personnage de conte car bien que cela puisse arriver parfois, c'est toujours désagréable de se retrouver un jour avec son double par accident. Tu peux également faire valoir ta position et nous renseigner ton activité professionnelle, surtout si celle-ci nécessite des ajustements de lieu, par exemple.
Nous te conseillons également d'ouvrir ta fiche de liens et ta fiche de Rps : crois-en notre expérience, il vaut mieux être bien entouré avant de se lancer dans ces terres hostiles ! N'hésite pas non plus à rejoindre Notre Discord privé, si ce n'est pas déjà fait, pour ainsi créer de véritables liens et participer à la bonne ambiance du forum.  Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  871341514

Pour ce qui est du reste, tu peux flâner tranquille : je m'occupe du reste ! Tu viens donc de rejoindre avec succès le groupe des Sextants et ton compte s'est vu crédité de 10 écrous d'or pour ne pas débarquer les poches vides. N'hésite pas à contacter un membre du staff à la moindre question ou requête ! A présent, il ne me reste plus qu'à te souhaiter beaucoup de plaisir chez nous  Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  3798939193
♔ La note de Regina : Mais cette fiche Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  771483257 ! J'ai réellement adoré me plonger dedans, et redécouvrir l'histoire de cette Cora que tu t'es si bien appropriée (mais qui n'a jamais eu la joie de me connaître, c'te tristesse /pan). Toutes ces petites anecdotes sont si précises que j'ai vraiment eu la sensation d'y être (les mimiques du Rumple'  Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  2113296129 et les citations de notre bonne Reine, siii vraies!) C'est un personnage touchant et complexe que tu nous proposes-là et j'en suis sûre, nous allons avoir droit à de beaux moments de Rps Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  2998052064 Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  871341514. Continue à faire sauter les limites de mots de Forumactif, on adore Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  1177518205 ! Cette qualiteyyy jpp Un poison nommé Cora ♕ Reine de Cœur  1637624804 Bienvenue Maman !

Regina Mills
Lun 29 Mar - 1:22
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