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Physique & Caractère

Tu es une (fille, aurais-tu dit (mais tu ne l’es plus)) femme haute en couleurs, Alice. Tu aimes les couleurs et les fleurs et tu te pares de celles-ci aussi souvent que possible ; tu attires l’oeil (parce que (d’une certaine manière) on te considère comme belle (merci maman, soupires-tu lassement)) et tu fais tourner les têtes (il faut dire que l’odeur des fleurs que tu tresses dans tes cheveux a tendance à monter à la tête (que toutes ces couleurs parfois un peu criardes étourdissent)). Les tissus légers (qu’on ne sent presque pas sur la peau (ceux que l’on entend pas se froisser)) sont tes favoris ; tu aimes bouger, tu es une femme active et il faut, donc, que tes vêtements te permettent de te mouvoir comme bon te semble sans que tu aies l’impression d’être prisonnière de ces derniers (tu as déjà donné (merci, mais non merci)). Tu restes malgré tout coquette (parce que ton désir de liberté ne veut pas dire que tu renonces à ta féminité (tu peux être une femme forte, indépendante et coquette (peu importe ce que les autres peuvent bien avoir à dire à ce sujet))), tu aimes les jolies robes (rose pastel, bleu poudré (tant que les couleurs sont aussi douces que les tissus)), tu aimes te maquiller (les lèvres bien rouges, comme celles de ta mère (que tu as toujours trouvé ravissante)), tu aimes coiffer tes longues mèches blondes en un mouvement soigné et ordonné. Le monde semble croire que tu fais cela pour lui plaire, alors que c’est en réalité tout l’inverse ; tu fais tout cela pour te plaire à toi (aussi étrange cela puisse-t-il paraître). Peut-être que cela fait de toi une personne vaine, mais tu apprécies cet air de poupée (peau de porcelaine (et lèvres peintes)) que tu te donnes, cet air doux et innocent. Innocente, tu ne l’es plus tant que ça (car tu as grandis, Alice (et si ton coeur n’est pas aussi dur que la pierre, il n’est plus aussi frêle que lors de tes jeunes années)). Douce, tu l’as toujours été (tu as toujours eu un coeur gros comme le monde). Tu distribues sourires et éclats de rire sans réfléchir (parce qu’un rien t’amuse), creusant des fossettes au milieu de tes joues arrondies.

Tu n’es pas particulièrement petite, Alice, mais tu n’es pas non plus ce que l’on pourrait qualifier de grande ; tu es d’une taille parfaitement moyenne pour une femme. Tu ne sors absolument pas de l’ordinaire de côté-là, c’est très certainement pourquoi le reste du monde te considère comme une jeune femme tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Et peut-être que le monde n’a pas réellement tort, dans le fond (même si tu es persuadée que chacun est exceptionnel à sa manière (intime conviction dont tu ne te sépareras jamais)), mais le monde ne sait pas que tu possèdes une imagination plus que fertile ; dans ton esprit vit tout un univers qui n’obéit qu’aux règles de tes désires et de tes fantaisies. Tu as souvent la tête perdue dans les nuages, une lueur rêveuse scintillant au fond de ton regard noisette. Parfois, lorsque l’humeur te prend, tu partages le fruit de tes égarements ; tu racontes des histoires folles, qui n’ont ni queue, ni tête, mais cela importe bien peu car cela ravit inlassablement les plus jeunes de ton public. Et les sourires enjoués de tes petits compagnons te réchauffent constamment le coeur (il est tout bonnement impossible de leur résister (tu as jeté l’éponge avant même de mener une quelconque bataille)). On t’a toujours dit que tu tenais cela de ton père ; ça et ta curiosité maladive. Tu poses toujours un tas de questions, Alice, parce que tu as besoin de savoir comment le monde fonctionne, tu veux connaître tous les secrets qui le composent. Tu te souviens de ton père et tu te rappelles que lui aussi était ainsi fait (tu es bien la digne fille de ton père) ; ce n’est pas pour rien que celui-ci a passé la majorité de sa vie à divaguer à gauche et à droite, incapable d’assouvir ce désir d’en savoir toujours plus. Ton père était un homme atypique, mais qu’il était bien agréable de connaître. Aussi, tu n’es pas peu fière de lui ressembler dans ta manière d’être ; que ce soit de parler de cette voix douce (presque fluette) sans jamais l’élever ou dans cette quête constante de voir des choses nouvelles, tu es bien la descendante de Henry Kingsley.

Tu as conscience que tu attires bien des regards, Alice (des regards souvent flâteurs (mais pas que)), et cela n’a de cesse de te faire rougir ; tu n’es pas réellement timide (seulement un peu sur la réserve (avec une bonne dose de modestie)) et si tu sais que tu es assez jolie, cela ne veut pas dire que tu éclos comme une fleur sous les attentions que l’on peut te porter. D’autant plus que ces regards ne sont pas toujours bienveillants. Il faut dire que tu as une réputation, Alice. Une réputation qui ne te dérange nullement, mais que les autres n’ont aucun mal à juger ; tu es une excentrique (comme ton père) qui pose des questions parfois un peu bizarres (quand tu te perds dans les méandres sinueux de ton esprit) … Et cela ne plaît pas à tout le monde. Pour certains, il faudrait que tu rentres dans un moule pour ne plus jamais en ressortir … sauf que c’est bien ce genre de pensées qui t’a fait fuir le domicile familial pour étreindre cette liberté tant rêvée (non, tu n’as guère envie d’être une épouse exemplaire (tu sais que tu serais bien trop malheureuse dans ce rôle-là)). Ça te désole un peu (parce que tu ne peux jamais n’être qu’Alice (ta personne n’est jamais suffisante, il faut toujours que tu sois plus)). Malgré tout, tu ne te laisses pas abattre (parce que tu es une battante (tu ne t’es jamais laissée abattre avant non plus)) ; tu fais de ton mieux pour ne pas te soucier de ce que peuvent bien penser et dire les autres, Alice (ce n’est pas tous les jours facile, tu dois bien l’avouer (mais tu fais de ton mieux et c’est bien là tout ce qui importe)). Tu restes fidèle à toi-même, te parant de ton plus beau sourire pour affronter le monde.

Histoire

« Mummy will be disappointed, Alice. »

C’est la douce voix de ta sœur aînée (à peine deux ans d’avance sur toi (et déjà si sérieuse)) qui flotte jusqu’à tes oreilles. Accroupie dans les hautes herbes du jardin à l’arrière de la maison, tu lèves un regard empli d’innocence vers elle. Un sourire (malicieux (et si rayonnant)) vient éclore aux coins de tes lèvres alors que tu te redresses. Tu essuies tes mains pleines de boue sur les pans déjà bien tâchés de ta robe. Le regard de ta sœur se fait plus réprobateur encore, bien pâle imitation de la grimace que ta mère t’adressera lorsque tu rentreras un peu plus tard. Tu sais que Mummy sera fort déçue de voir dans quel état tu as bien pu te mettre ; ta robe (d’un joli bleu pastel) est parsemée de tâches brûnatre, signe que tu n’as pas attendu que les terres rendues humides par la pluie de la veille sèchent. Final détail au tableau bien peu satisfaisant ; tes cheveux tressés par ta mère le matin même ont décidé de reprendre leur liberté. Oh non, Mummy ne sera vraiment pas contente, tu en es certaine. Tu n’en as pas grand-chose à faire, cependant, oh non, Alice. Tu as la tête ailleurs. Tu ne penses qu’à ces drôles d’histoires que te raconte ton père ; à ses aventures et tous ces récits palpitants qu’il concocte rien que pour toi. Toi aussi, Alice, un jour, tu connaitras l’Aventure (celle qu’on écrit avec un grand A (qui ébranle et fait frémir)).

« Look at your hair, Alice ! It looks like a bird nest ! »

Le ton mécontent de ta sœur te ramène bien malgré toi à la réalité. Et si elle t’agace un peu (à force d’imiter ta mère, ton aînée te lasse (tu voudrais une sœur, une vraie, pas une seconde Mummy)) à te parler de la sorte, tu ne te défais pas de ta bonne humeur. Car tu es ainsi faite, Alice ; tu es une petite fille un peu turbulente, mais absolument charmante. Ton sourire se fait plus large encore, alors que tu tires sur une de tes mèches claires avec des doigts poisseux.

« Oh, you know I love birds, Lorina ! I don’t think I would mind having a nest in my hair ! »

Et tu te mets à rire à ta propre plaisanterie, fort amusée à l’idée d’avoir des oiseaux enfouis dans tes cheveux. Lorina, quant à elle, ne semble pas saisir l’humour de tes propos car tu la vois secouer la tête doucement, puis tu l’entends soupirer. Tes éclats de rire se fânent alors, tu poses un regard soucieux et contrarié sur ta sœur.

« Come on now, let’s head back. Mummy and Daddy are waiting for us. »

Et tu ne peux qu’hocher de la tête. Tu serais bien restée jouer un peu plus longtemps dans le jardin, mais il est vrai que la journée commence à toucher à sa fin ; il se fait frais et la lumière réduit lentement, mais sûrement. C’est sans réfléchir que tu t’empares de la main immaculée de ta sœur et que tu pars en direction de la maison d’un pas décidé. Et si Lorina est dérangée par la texture poisseuse de ta main, elle n’en dit absolument rien et se laisse porter par tes bavardages sans importances.

(Mummy ne fut, en effet, pas contente du tout de voir dans quel état tu t’étais mise cet après-midi là, ses yeux lançaient des éclairs lorsqu’ils se sont posés sur toi.)
(Daddy, en revanche, trouva la chose fort amusante.)


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u.c